Le
fossé entre l'Inde et le Pakistan s'accroît
dangereusement (AFP, 7/2/2000)
Le fossé entre l'Inde et le Pakistan s'accroît
dangereusement avec des échanges de menaces et des
conditions inacceptables posées de part et d'autre pour une
reprise d'un dialogue, soulignaient les analystes lundi à
New Delhi. Si ce durcissement rhétorique entre les deux pays
voisins et rivaux semble être dû en partie
à la prochaine visite dans la région du
président américain Bill Clinton, il
démontre aussi l'impasse totale dans laquelle se trouvent
ces deux puissances nucléaires, selon ces analystes.
Tout en professant leur désir de paix, l'homme fort du
Pakistan, le général Pervez Musharraf, et le
Premier ministre indien Atal
Behari Vajpayee se sont distingués au cours du week-end par
des déclarations sans aucun compromis et soulignant le
danger d'un conflit nucléaire. Marquant une
journée de solidarité avec la guérilla
musulmane au Cachemire indien, le général
Musharraf a appelé les rebelles à s'unir pour
renforcer leur combat contre New Delhi et a
réaffirmé que tout dialogue avec l'Inde devait
porter sur le "droit du peuple cachemiri".De son
côté, M. Vajpayee a marqué une
cérémonie en l'honneur de soldats indiens
tués au Cachemire lors d'un conflit meurtrier l'an dernier
en affirmant que tout dialogue devait porter sur les
modalités d'une récupération par
l'Inde du Cachemire sous contrôle pakistanais. Le
général Musharraf a dénoncé
le caractère "extrêmement offensif" de la
stratégie nucléaire indienne, alors que M.
Vajpayee affirmait qu'Islamabad menaçait l'Inde d'une
attaque nucléaire et que celle-ci n'hésiterait
pas à répliquer.
"C'est vrai que les deux pays sont plus éloignés
l'un de l'autre que jamais", a estimé Pran Chopra, analyste
au Centre de recherche politique de New Delhi. "Nous avons
déjà eu des relations hostiles, mais je n'ai
jamais connu un tel sentiment d'amertume vis-à-vis du
Pakistan".
Il y a un an, les deux ennemis s'étaient
retrouvés à Lahore pour un sommet qui avait fait
naître un sentiment d'optimisme après un
demi-siècle d'hostilité. "L'esprit de Lahore" fut
enterré l'été dernier dans la montagne
du Cachemire indien où avaient fait irruption des centaines
de guérilleros islamistes soutenus par l'armée
pakistanaise.
Les relations se sont encore
détériorées après le
détournement en décembre d'un avion indien dont
New Delhi a accusé le Pakistan. Sous le titre "Le
caractère inévitable de la guerre", le
commentateur indien Prem Shankar Jha a estimé dans le
magazine Outlook que "Musharraf ne peut reculer et survivre
(politiquement), et c'est triste, l'Inde non plus. La scène
est donc prête pour une nouvelle escalade du conflit". C'est
un tel conflit que les Etats-Unis se disent désireux de
prévenir. M. Clinton sera en Inde du 20 au 25 mars et n'a
pas encore exclu une étape au Pakistan malgré le
régime militaire dans ce pays. Islamabad,
désireux d'internationaliser la question du Cachemire et de
la maintenir sous les feux de l'actualité, a
souligné que les chances de paix seraient amoindries si M.
Clinton n'allait pas au Pakistan.
Pakistan -
L'armée se retire de la frontière, l'Inde
dubitative (Reuters, 18/10/99)
L'armée pakistanaise a amorcé lundi son retrait
des positions avancées le long de la frontière
avec l'Inde. A New Delhi, le chef de l'armée, dubitatif, a
estimé que la "désescalade militaire
unilatérale" annoncée par le Pakistan
n'équivaut pas à grand-chose. "Il ne faut pas
s'attendre à grand-chose de cette annonce pakistanaise", a
déclaré le chef d'état-major indien,
Ved Prakash Malik, à l'agence PTI. Selon un porte-parole de
l'état-major pakistanais, le retrait concerne des
unités dépêchées en renfort
à la frontière lors des violents accrochages du
printemps et de l'été dans le secteur de Kargil
entre séparatistes musulmans cachemiris et
l'armée indienne. Ce retrait unilatéral s'inscrit
dans le droit fil de la promesse faite en ce sens par le nouvel "homme
fort" du Pakistan, le général Pervez Musharraf.
"Le processus de désescalade a
débuté", a dit le porte-parole, qui n'a pas
précisé combien de temps l'opération
durerait.
Des soldats
pakistanais se sont introduits au Cachemire, selon le ministre indien
de la Défense (AP, 20/9/99)
Des soldats pakistanais se sont introduits au Cachemire pour y soutenir
les séparatistes musulmans, a affirmé le ministre
indien de la Défense dans un entretien publié
mardi par un journal arabe. ``Depuis neuf ans, nous sommes
confrontés à une guerre par procuration au
Cachemire et au Jammu'', a déclaré George
Fernandes à ``Al Hayat'', journal en langue arabe
basé à Londres. ``Nous avons
dernièrement constaté que des soldats pakistanais
se sont introduits au Cachemire aux côtés'' des
rebelles musulmans. Des séparatistes pro-pakistanais
s'étaient emparés en mai dernier de sommets
stratégiques au Cachemire, provoquant des affrontements avec
l'armée indienne qui ont duré deux
mois. ``Ils vont essayer de trouver un point faible pour
créer autant de problèmes que possible. La guerre
n'est pas finie'', a déploré
M.Fernandes.
Reprise des
violences au Cachemire (21/7/99, Reuters)
Une centaine de combattants musulmans ont violé le plan de
retrait de la partie du Cachemire contrôlée par
l'Inde et 16 personnes ont été tuées
dans l'état indien du Jammu en proie à
l'agitation séparatiste, ont déclaré
mercredi les autorités de New Delhi. L'armée
indienne a repris ses tirs d'artillerie pour déloger 100
à 150 séparatites qui se retranchent toujours
dans trois zones du
secteur de Kargil. L'Inde avait annoncé le 17 juillet
dernier que les combattants infiltrés de son
côté de la "ligne de contrôle" divisant
le Cachemire s'était totalement retirés. Ce plan
de retrait signé avec Islamabad devait mettre fin
à deux mois de violentes opérations militaires.
Le chef d'Al-Badar, l'un des groupes séparatistes, a
déclaré que son mouvement était
toujours en guerre et qu'il continuerait à se battre contre
la présence indienne au Cachemire. En marge des combats,
l'agitation séparatiste semble se poursuivre dans l'Etat
indien du Jammu-Cachemire, faisant 16 morts selon les
autorités indiennes. La police rapporte notamment que deux
personnes ont été tuées et 21
blessées par une grenade dans la zone de Baramulla. A
Srinagar, capitale de l'Etat, quatre personnes sont mortes dans des
échanges de tirs. Dans le sud, les forces paramilitaires ont
affirmé avoir tué cinq militants
séparatistes. A Islamabad, le ministre des Affaires
étrangères pakistanais, Sartaj Aziz, a
demandé à l'Inde, afin de restaurer la confiance
entre les deux pays, de restituer des territoires situés du
côté pakistanais de la Ligne de contrôle
dont elle s'est emparée depuis 1972. De son
côté, le ministre indien de la Défense,
George Fernandes a averti le Pakistan que son pays ne
tolérerait aucun acte de "terrorisme frontalier", rapporte
l'agence PTI.
L'Inde
reprend le contrôle des zones évacuées
par les combattants séparatistes au Cachemire (18/7/99,
AP)
Des milliers de soldats indiens se sont déployés
dimanche sur les sommets himalayens du nord du Cachemire pour s'y
assurer du retrait des combattants séparatistes musulmans,
alors que le ministre indien de la Défense
annonçait officiellement la fin des hostilités
dans la région. L'armée indienne a
confirmé avoir repris le contrôle de trois des
quatres zones d'affrontements au Cachemire. Ses soldats devaient
réoccuper la vallée Mushkoh, la
dernière zone, dès les premières
heures de lundi. Des unités d'infanterie ont
cependant signalé dimanche la présence dans cette
région de quinze séparatistes. Mais le
commandement sur place a minimisé l'information, estimant
qu'il s'agissait d'hommes venus récupérer leurs
affaires. L'Inde avait donné au Pakistan jusqu'à
vendredi, puis jusqu'à samedi, pour faire évacuer
le Cachemire par les combattants séparatistes. Les deux
parties avaient accepté de cesser les hostilités
lors de ce retrait. Le ministre de la Défense George
Fernandes a déclaré tard samedi que les troupes
indiennes avaient ``expulsé les intrus avec
succès''. ``Cela a été une victoire
coûteuse'', a-t-il ajouté. ``Une victoire qui a
répandu le sang de nos courageux jawans (soldats, ndlr)''.
Les deux mois de conflit au Cachemire ont fait 1.250 morts. Depuis le
début, l'Inde accuse le Pakistan voisin d'avoir
organisé l'intrusion de séparatistes musulmans
sur son territoire. Des accusations toujours démenties par
le Pakistan.
Pakistan et
Inde conviennent d'un plan de retrait (11/7/99, Reuters)
Le ministre pakistanais des Affaires étrangères,
Sartaj Aziz, a annoncé dimanche que l'Inde et le Pakistan
s'étaient mis d'accord sur un plan de retrait des
combattants musulmans qui s'étaient infiltrés au
Cachemire. Il a précisé lors d'une
conférence de presse que les moudjahiddine (combattants de
la guerre sainte) avaient commencé à se retirer
d'un secteur de la région de Kargil et qu'ils
évacueraient dimanche soir un autre secteur dans le cadre
d'un accord de désengagement conclu entre responsables
militaires.
"Nous avons été informés de ce que le
désengagement du secteur de Kaksar, entamé hier,
s'était déroulé de manière
satisfaisante", a dit Aziz lors d'une conférence de presse
convoquée à la hâte.
"Le désengagement du secteur de Mushkoh débutera
ce soir. Progressivement, le désengagement se fera dans
l'ensemble de la
région". Un responsable militaire a
déclaré que le processus prendrait une
à deux semaines. L'accord, qui devrait mettre fin
à deux mois d'hostilités, a
été conclu dimanche lors d'une réunion
des directeur généraux des opérations
militaires des deux pays, près de Lahore, du
côté indien de la frontière. A New
Delhi, un porte-parole du Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee
a déclaré que l'armée indienne n'avait
pas accepté le terme "cessez-le-feu" dans
l'accord. Il a ajouté que, selon certains renseignements
restant à confirmer, les infiltrateurs pourraient avoir
commencé à se retirer de la zone de Mushkoh.
Interrogé sur la conclusion éventuelle d'un
cessez-le-feu, Brajesh Mishra, conseiller national indien à
la sécurité, a répondu que
l'armée indienne n'avait "pas l'habitude de tirer dans le
dos des gens".
Diminution des
bombardements
Aziz et les autres
responsables pakistanais n'ont pas voulu dire si les moudjahiddine se
retireraient du côté pakistanais de la Ligne de
contrôle divisant le Cachemire ou s'ils se
redéploieraient dans d'autres zones. "Ils se disperseront",
s'est contenté de dire un responsable du
ministère des Affaires étrangères.
"Des dispositions pour leur dispersion ont été
prises". Islamabad dément que, ainsi que l'affirme New
Delhi, des soldats pakistanais figurent parmi les moudjahiddine, et il
assure ne donner qu'un soutien moral et politique à ceux
qu'il appelle les combattants cachemiri de la liberté.
L'armée indienne a multiplié les offensives au
sol pour refouler les infiltrateurs musulmans et elle affirme avoir
presque terminé cette tâche. Des responsables de
la Défense de l'Etat indien du Jammu et Cachemire ont fait
état dimanche d'une diminution d'intensité des
bombardements en provenance du côté pakistanais de
la ligne de contrôle. L'accord intervient une semaine
après la visite à Washington du Premier ministre
pakistanais, Nawaz Sharif, où il s'était mis
d'accord avec Bill Clinton pour mettre prendre "des mesures
concrètes" afin de faire cesser les combats. Clinton a
promis de s'impliquer personnellement pour amener l'Inde à
reprendre les discussions de paix avec le Pakistan dans le cadre de la
"Déclaration de Lahore" signée en
février. L'Inde renâcle face à ce
qu'elle ressent comme une médiation, initiative qu'elle a
toujours rejetée car pour elle, le Cachemire est un
problème indo-pakistanais qui doit être
réglé par des discussions bilatérales.
Le Conseil unifié du Djihad, alliance regroupant 15 groupes
de moudjahiddine, qui a publiquement refusé
d'évacuer ce qu'il considère comme la
mère patrie et a promis de se battre "jusqu'à la
dernière goutte de sang", n'a pas réagi dans
l'immédiat à l'annonce de l'accord.
Le Pakistan
a entamé des discussions avec la guerilla islamiste
(10/7/99, AFP)
Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a eu vendredi des
discussions directes avec les combattants islamistes afin de tenter de
les persuader de se retirer des zones contestées au
Cachemire indien pour mettre un terme aux combats, a-t-on appris samedi
de sources des combattants islamistes. "Des contacts initiaux ont eu
lieu et plusieurs dirigeants des moudjahidine ont rencontré
le Premier ministre", a indiqué à l'AFP un
commandant de la guerilla, qui a souhaité ne pas
être nommé. Selon une autre source de la guerilla,
la rencontre a eu lieu vendredi à Islamabad. Aucun
commentaire officiel pakistanais n'a pu être obtenu dans
l'immédiat. Les responsables politiques et militaires
pakistanais avaient appelé vendredi les maquisards
islamistes dans la partie indienne du Cachemire à aider
à résoudre le conflit avec l'Inde. Cet appel, le
premier du genre pour mettre fin aux combats qui font rage depuis plus
de deux mois près de la Ligne de démarcation
(LoC) entre l'Inde et le Pakistan au Cachemire, implique une
évacuation des sommets dont les islamistes armés
ont pris le contrôle en avril dans le secteur de Kargil. Un
important commandant du groupe combattant Tehreek-i-Jehad a
précisé à l'AFP samedi que le
commandement conjoint de la guerilla se réunirait
prochainement pour discuter de l'appel. Les rebelles avaient
réaffirmé vendredi qu'ils rejetteraient toute
demande
de retrait. Samedi, les combats continuaient, et aucun début
de retrait des combattants musulmans n'était visible, selon
New Delhi. La décision d'intervenir auprès des
rebelles musulmans du Cachemire fait suite aux entretiens à
Washington cette semaine entre le Premier ministre pakistanais et le
président Bill Clinton. Les combats au Cachemire ont
commencé en mai par une vaste offensive indienne
destinée à déloger les islamistes
infiltrés depuis le Pakistan. Ces combattants ont
établi de solides positions fortifiées du
côté indien de la ligne de démarcation
partageant cette région à majorité
musulmane. L'Inde et le Pakistan se disputent le Cachemire depuis leur
partition et leur indépendance il y a 51 ans. Selon des
responsables à Muzaffarabad, capitale du Cachemire
pakistanais, 13 civils ont été tués et
19 blessés vendredi et samedi près de la
frontière par des tirs de mortier. Le dernier bilan
pakistanais était de 96 civils tués et 265
blessés en deux mois, selon les responsables. Un
porte-parole militaire pakistanais a par ailleurs affirmé
que l'armée pakistanaise a repoussé deux
"importantes" attaques de l'armée indienne sur la Ligne de
contrôle dans le secteur de Batalik. 67 soldats indiens ont
été tués, a-t-il dit. De
même, a-t-il ajouté, 13 soldats pakistanais ont
été tués, 17 sont blessés
et 5 sont portés disparus. Des responsables militaires
indiens à Kargil ont de leur côté fait
état de la poursuite de bombardements par les troupes
pakistanaises à la frontière. Ils ont
ajouté qu'aucun signe de retrait organisé
n'était visible chez les combattants islamistes. Cependant
l'opposition pakistanaise continue de protester contre les discussions
américano-pakistanaises du 4 juillet. Des centaines
d'ouvrières du parti fondamentaliste Jamaat-i-Islami ont
manifesté samedi à Islamabad, affirmant que seule
la "guerre sainte" doit être utilisée contre
l'Inde et que M. Sharif a "trahi".
La principale dirigeante de l'opposition Benazir Bhutto a de son
côté affirmé depuis Londres, dans un
communiqué, que la gestion
de la crise par M. Sharif était "nuisible aux
intérêts pakistanais". Elle a cependant
appelé à une solution
négociée, avec l'aide de
l'ONU. L'Inde aussi doit faire face à une opposition. Le
chef du gouvernement du Cachemire indien Farooq Abdullah (parti
pro-indien de la Conférence nationale) a ainsi
demandé samedi au gouvernement de New Delhi de
déclarer la guerre au Pakistan pour "complicité
de terrorisme".
Offensive
indienne imminente sur le Tiger Hills au nord Cachemire
DRASS, Inde, 2 juil 99 (AFP) - L'aviation et l'artillerie indienne ont
déclenché vendredi d'intenses bombardements sur
le nord du Cachemire, ce qui semble annoncer une offensive d'envergure
contre les combattants islamistes.Ces bombardements, selon des sources
militaires, sont la première étape d'une
offensive terrestre programmée pour le weekend contre les
positions des guerilleros dans la règion du Tiger Hills,
près de la ligne de contrôle (LoC),
frontière de fait entre l'Inde et le Pakistan au Cachemire.
Cette attaque devrait, selon les mêmes sources,
être décisive après sept semaines
d'opérations de l'armée indienne. Le Tiger Hills
domine la route stratégique entre Srinagar et Ley, point de
passage obligé des troupes indiennes. Au moins 140 canons de
155 ont bombardé vendredi le pic. Des raids
aèriens ont suivi, qui ont duré toute la nuit et
devraient se poursuivre jusqu'au déclenchement des
opérations terrestres samedi, par des appareils
basés dans la règion de Drass. Quelque 200
guerilleros fortement armés seraient encore
retranchés dans des bunkers sur le sommet enneigé
du Tiger Hills. Selon l'Inde, des troupes pakistanaises combattraient
à leurs côtés, ce qu'Islamabad a
démenti. L'assaut terrestre, selon des sources militaires
indiennes, devraient engager au moins trois bataillons soit quelque
3.000 hommes, dont des commandos spécialisés dans
les combats en altitude.
L'attaque principale devrait être menée
à partir d'une montagne voisine, le pic 5100, repris par
l'armée indienne jeudi. La nature du terrain fait craindre
de lourdes pertes aux responsables indiens, qui fait état
pour le moemnt de 212 morts dans ses rangs depuis le début
des combats en mai dernier. Les guerilleros auraient quant à
eux perdu 439 hommes au cours de la même pèriode.
Au cours des derniers jours, New Delhi a rappelé que tous
les guerilleros infiltrés devraient s'être
retirés de l'autre côté de la LoC,
avant l'ouverture de toute négociation. Les
hostilités ont débuté le 9 mai, l'Inde
accusant le Pakistan d'avoir infiltré les combattants
islamistes et des soldats pakistanais dans le but de s'emparer du
glacier du Siachen disputé par les deux pays, plus haut
champ de bataille du monde à près de 7.000 m
d'altitude.
L’ARMEE
INDIENNE, HERITIERE DE LA TRADITION BRITANNIQUE (2/7/99)
La scène
se passe en 1948, quelque part sur la ligne de Contrôle qui
sépare le Cachemire indien du Cachemire pakistanais. Six
mois plus tôt, les Pakistanais ont envahi le Cachemire, quand
ils ont compris que le maharaja hindou allait rattacher cet
état à l’Inde, alors que sa
vallée avait une majorité musulmane, qui aurait
dû lui revenir dans la folle logique de la partition du
sous-continent. Depuis, l’armée indienne a repris
du terrain et il ne reste plus au Pakistan qu’un tiers du
Cachemire. Les Nations Unies viennent péniblement
d’obtenir un cessez-le-feu entre les deux frères
ennemis qui se disputent cet état idyllique qu’on
a
quelquefois appelé "la Suisse des Himalaya". Le major indien
Zoru et ses hommes, ont d’ailleurs repris la veille une
crête aux Pakistanais. La bataille a
été âpre, sanglante, sans
pitié; et le Colonel de l’ONU qui doit superviser
le cessez-le-feu dans cette zone
particulière, appréhende la rencontre
traditionnelle entre les officiers indiens et pakistanais. Mais sous
les yeux ébahis du colonel finlandais, le major Zoru et son
homologue pakistanais, qui viennent de se battre à mort
pendant des mois, se tombent dans les bras l’un de
l’autre en pleurant. "Nous avons fait Sandhurst
(école militaire anglaise) ensemble", expliquera
laconiquement plus tard le Major Zoru au colonel.
Les armées
indienne et pakistanaise, qui se sont fait trois fois la guerre depuis
leur indépendance de 1947, et seraient sur le point
d’en entreprendre une quatrième -
nucléaire peut-être - et toujours au sujet du
Cachemire, partagent en effet la même tradition martiale
britannique. Et cinquante et un ans plus tard, au poste
frontière de Wagah, seul point de passage terrestre entre
l’Inde et le Pakistan, les deux traditionnels
adversaires rejouent tous les soirs, pour le plus grand plaisir des
badauds, le spectacle de leur grande pompe martiale. Au pas de
l’oie, en grand uniforme, médaillés,
sanglés, bardés de cartouches, les soldats des
deux pays s’affrontent du regard de chaque
côté de leurs barrières, et hurlent
à qui mieux-mieux, avant de baisser les couleurs pour la
nuit.
Pour le Lieutenant
Général Bakshi, l’officier le plus
décoré de l’armée indienne,
le plus précieux héritage de
l’armée anglaise en Inde, c’est la
laïcité. "Lorsque nous nous sommes battus aux
côtés des Anglais contre les Japonais en Birmanie
pendant la deuxième guerre mondiale, on trouvait aussi bien
des officiers indiens qui commandaient à des Anglais, que le
contraire. Aujourd’hui, continue-t-il, cette tradition dans
notre armée a perduré, car quelles que soient la
caste, la race ou la religion de nos soldats, il sont tous
égaux et ont chacun accès aux mêmes
postes". Autre legs britannique : la discipline, dans le pays le plus
indiscipliné du monde ! "L’armée
indienne a toujours été subordonnée au
pouvoir politique, explique toujours le Général
Bakshi et nous n’avons jamais discuté les ordres.
Durant la guerre indo-pakistanaise de 1965, par exemple, nous avons eu
rapidement le dessus et nous étions au portes de Lahore,
lorsque le traité de Tashkent nous obligea à
rendre tout le territoire conquis… Nous l’avons
fait la mort dans l’âme, mais nous
l’avons fait". Le Général pense que
cette esprit de discipline existe toujours :
"aujourd’hui, nous devons nous battre à
Kargil une main liée dans le dos, car le gouvernement indien
ne nous autorise pas à franchir la Ligne de
Contrôle du côté pakistanais, afin de
pouvoir couper les militants de leurs arrières. Encore une
fois nous ne bronchons pas, même si cela nous coûte
très cher en vies humaines, car l’ennemi nous
surplombe".
En est-il de même du côté pakistanais ?
Le Général Bakshi hésite…
"Pendant longtemps, je suis resté en contact avec les
officiers pakistanais avec qui j’avais servi sous les
Anglais; mais depuis quelque temps, les relations se sont taries. Je
crois que l’armée pakistanaise s’est
malheureusement islamisée, ce qui explique son fanatisme
d’aujourd’hui, qui l’a poussée
à concocter l’intrusion de Kargil pendant que
notre Premier Ministre allait serrer la main au leur à
Lahore. J’en veux également pour preuve les corps
de nos soldats qui nous ont été rendus par les
Pakistanais : on leur avait arraché les yeux,
coupé le nez et les oreilles, on les avait
châtrés. Nous avons d’ailleurs
montré les corps à la Croix Rouge". Le
Général se tait et s’enferme dans ses
souvenirs.
"Kshatriya". Ce mot
était magique dans l’Inde d’antan. Il
voulait dire: "guerrier", de la caste des guerriers. La caste des
kshatriyas était la plus prestigieuse, plus même
que celle des brahmanes, car c’était celle dont
était issus les maharajas et les princes, qui avaient
tâche de défendre les
intérêts de leurs royaumes contre
l’envahisseur. Elle a donné à
l’Inde de prestigieux guerriers : Shivaji, qui au
17ème siècle combattit seul contre les moghols;
les fiers Rajputs du Rajasthan, qui à Chittor se
jetèrent avec femmes et enfants dans un immense brasier,
plutôt que de se faire vivants prendre par les musulmans; la
maharani de Jhansi, Jeanne d’Arc des Indes, qui combattit
à cheval contre les Anglais et mourut
l’épée à la main. Les
kshatriyas représentaient ce qu’il y
avait de plus noble, de plus
désintéressé dans les Indes
prébritanniques. Mais que reste-t-il de cet
esprit-là dans l’Inde moderne?
Le jeune capitaine Ranjeev, qui s’occupe de relations avec la
Presse à Kargil, la ville qui se situe à
mi-chemin de Leh à quelques kilomètres de la
Ligne de Contrôle, et est bombardée jour et nuit
par les Pakistanais, appartient justement à la
caste des Kshatriyas. Il est sûr de lui, parle Anglais
couramment, et répond à plusieurs
téléphones à la fois, pendant que de
l’autre main il surfe le Net. "L’armée
indienne est la seule aujourd’hui à incarner les
vertus désintéressées des kshatriyas,
affirme-t-il - d’ailleurs, regardez le nombre officiers
indiens qui sont tués en ce moment dans la bataille pour la
ligne de Contrôle, car lors des
assauts, il sont toujours devant leurs hommes"
L’ARMEE
INDIENNE AU CACHEMIRE, LE POINT DE VUE DES SOCIALISTES (2/7/99)
Jaya Jaitley, 45 ans,
est Secrétaire Générale du Samata
Party, le parti socialiste qui fait partie de la coalition au pouvoir
et dont George Fernandes, le Ministre de la Défense est le
Président. Mme Jaitley a fait des études de
littérature française, aime Camus et Proust et
son fils est marié à une Française.
Elle a passé 15 ans au Cachemire, où son mari,
Ashok Jaitley était le numéro un de
l’administration indienne (et l’est toujours), mais
contrairement aux autres Indiens, Jaya (et "George") ne
mâchent pas leurs mots quant à la
responsabilité de l’armée indienne dans
l’imbroglio kashmiri.
Q. Vous
accusez l’armée indienne d’avoir eu la
main lourde au Cachemire…
R. Pendant longtemps, les soldats indiens, qui sont
arrivés en 1947 pour repousser les Pakistanais, se sont
conduits là-bas comme une armée
d’occupation. Ils entraient dans les maisons des Kashmiris,
emmenaient les hommes, violaient quelquefois leurs femmes... Ce
n’est qu’à partir du début
des années 80 qu’il y eut un réel
effort de meilleure conduite. Je dois ajouter que sous la pression de
l’armée, le parti du Congrès a
constamment truqué les élections au Cachemire.
Quant aux gouverneurs indiens, tel M. Jagmohan, ils étaient
souvent haïs des musulmans
Q. Et les Kashmiris Pandits, c’est à dire les
Hindous du Cachemire ?
R. Il est vrai qu’il y en avait un million au
début du siècle et à peine quelques
centaines aujourd’hui - des villages entiers ont
été massacrés… mais je dois
dire qu’ils n’avaient rien fait pour
s’attirer l’affection des Musulmans. Car avant
l’avènement des militants, les Hindous du
Cachemire détenaient tous les postes-clé de cet
état, possédaient toutes les industries et ils
faisaient montre d’une arrogance souvent impardonnable envers
leurs frères musulmans.
S. Comment cela se faisait-il que les Musulmans
n’avaient pas accès aux postes importants ?
T. (Elle hésite)… Du temps des Anglais,
leurs mollahs ne les encourageaient pas à
étudier… et il est vrai que le Cachemire est un
état si beau, si fertile, où tout pousse si
facilement, que cela engendré une certaine paresse, un
laisser-aller de la part des
autochtones, alors que les Indiens non-kashmiris, qui viennent souvent
des plaines, ont étudié dans des
écoles anglaises - souvent catholiques - depuis plusieurs
générations.
Q. Alors quelle est la solution au Cachemire ?
R. Le musulman du cachemire est spontanément
quelqu’un de doux, de non-violent - c’est de notre
faute si certains ont fini par prendre les armes. Il est
indéniable cependant que le mouvement a
été radicalisé par la
présence du Pakistan et des moudjahidin afghans. Mais si
l’Inde est capable de restaurer l’influx du
tourisme, vital pour le Cachemire et d’y organiser des
élections libres, je suis sûre que la paix pourra
revenir dans cet état où j’ai
laissé un peu de mon coeur.
Propos recueillis
à New Delhi par François Gautier
L’AFFAIRE
DES MIRAGE (François Gautier, correspondant au
Figaro, 2/7/99)
L’affaire
des Mirage continue à faire du bruit en Inde.
L’interview du Ministre de la Défense indien, M.
George Fernandes, demandant à la France de ne pas livrer les
huit Mirage et le sous-marin Agusta au Pakistan dans la conjoncture
actuelle, a été publié par le Figaro
alors que le Secrétaire d’Etat indien aux Affaires
Etrangères, M. Ragunathan, se trouvait à Paris
pour convaincre la France de l’agression pakistanaise. Il
existe un monde en Inde entre les top bureaucrates suaves et
cravatés de l’Indian Civil Service,
l’équivalent de l’ENA, et George
Fernandes, un Ministre de la Défense, pas très
orthodoxe, toujours en "pyjama-kurta"(pantalon et tunique) de
coton froissé et qui n’a pas peur des mots. Bref,
la France est semble-t-il offensée par le franc parler de M.
Fernandes (et par celui du Figaro, puisque l’ambassade de
France à New Delhi a refusé de
répondre aux coups de fils de son correspondant) et les
diplomates indiens se sont efforcés hier de minimiser
l’incident, en affirmant "qu’effectivement le
contrat signé avec le Pakistan était ancien et
que l’Inde n’y attachait pas une importance
démesurée". Il n’en reste pas moins que
certains observateurs
politiques de la capitale se demandaient pourquoi la France
n’a pas attendu deux semaines de plus, sous quelque
prétexte technique, avant d’annoncer
qu’elle allait livrer les Mirage au Pakistan. C’est
ce qu’explique Anil Monga, un analyste de la
capitale: "Non seulement la France arme une nation connue pour son
intégrisme, mais en plus, ce n’est pas du bon
business, car le Pakistan est un tout petit pays, alors que
l’Inde est potentiellement un énorme client pour
la France. Le marché des Airbus, par exemple,
n’est pas négligeable, car Air India et
Indian Airlines sont sur le point de renouveler toute leur
flotte."
F. G.
CACHEMIRE :
LA GUERRE DES MOTS (François Gautier,
correspondant au Figaro, 27/6/99)
On se
prépare de plus en plus en Inde à une
éventuelle guerre avec le Pakistan au sujet du Cachemire.
Les journaux ne parlent que de cela : "nous pouvons quand nous le
voulons pénétrer au Cachemire pakistanais "
titrait hier le quotidien ‘Hindu’. Tous les
généraux à la retraite de
l’armée indienne y vont de leurs conseils : "une
frappe nucléaire préventive n’est pas
exclue", déclarait avant hier le
Général Sharma, ancien Chef d’Etat
Major de l’armée. Et une ferveur patriotique
s’est saisie du pays : la télévision
retransmet en direct les crémations des
‘héros’, morts au Front;
l’armée refuse des dizaines milliers de litres de
sang donnés
par des volontaires; et des compagnies, telle Aiwa, font du marketing
intelligent en contribuant cent roupies à
l’armée pour chaque
télévision vendue.
Rappelons que le mois dernier, des séparatistes, qui
revendiquent l’indépendance du Cachemire indien,
dont la vallée est à majorité
musulmane, se saisissaient à la faveur de la fonte des
neiges, des hauteurs du côté indien qui
surplombent la route stratégique qui relie Srinagar
à Leh, seul axe indien pour approvisionner le front du
glacier du Siachen plus au nord, le plus
haut champ de bataille du monde à près de 7.000
m,. Surpris les Indiens déclenchaient une offensive
à tout azimut, qui n’a pas encore porté
tous ses fruits.
Sur le front, l’armée indienne, semble cependant
progresser après plus de six semaines de combats : elle a
repris plusieurs pics situés à près de
5000 mètres d’altitude, où
s’étaient retranchés les militants; et
les soldats indiens se rapprochent de plus en plus de la Ligne de
Contrôle, derrière laquelle
l’armée pakistanaise aurait, selon des sources
russes, amassé plus de 20.000 hommes. Mais c’est
une guerre laborieuse et sanglante, qui aurait fait officiellement 165
morts et 322 blessés du côté indien (et
le double officieusement); les soldats indiens doivent grimper dans la
neige sous le feu ennemi, qui s’est retranché dans
des bunkers et est extrêmement bien armé; les tirs
d’artillerie sont souvent aveugles et font plus de bruit que
de mal; et après plus d’un mois de bombardements
des Mig indiens, les ‘terroristes’ n’ont
pas tous été
délogés.
Mais en dehors de cette guerre très limitée, car
elle se passe à des milliers de kilomètres de
Madras, par exemple, la capitale du Sud, on se fait surtout
la guerre des mots. Lors du dernier sommet G-8, les deux
frères ennemis ont rivalisé d’effort
pour démontrer qu’ils avaient reçu
l’approbation des Grands Sages Blancs : "l’Occident
nous a donné raison, car il a demandé aux
militants de se retirer au delà de la Ligne de
Contrôle pakistanaise", a claironné
l’Inde; ""nous avons gagné, car le G-8 a
exigé que l’Inde négocie avec nous", a
rétorqué le Pakistan ! Et pourtant il semble bien
que l’Inde soit en train de gagner cette guerre de
l’Information. En effet, New Delhi, qui
n’a cessé d’affirmer depuis le
début des hostilités que la majorité
des séparatistes étaient des soldats pakistanais
et des moudjahidin afghans… semblerait avoir raison. Ceci a
été confirmé par de nombreux services
secrets étrangers - dont celui des Américains -
et c’est pourquoi le Président Clinton, lors
d’une conversation téléphonique avec le
Premier Ministre pakistanais, Nawaz Sharif, lui a
spécifiquement demandé d’ordonner le
retrait des ‘infiltrés’ au Cachemire
indien. Du coup, New Delhi joue à fond la carte de
l’intégrisme musulman en Asie du Sud et la lutte
contre une "extension du syndrome afghan".. "Le Pakistan sponsorise le
terrorisme international", accuse le Gouverneur du cachemire (voir
interview); et Le ministre indien de l'Intérieur L.K. Advani
a qualifié le Pakistan "d’Etat malfaisant et
irresponsable", affirmant ne pouvoir exclure une
quatrième guerre indo-pakistanaise.
Ce qui inquiète de surcroît les
Aémricains, c’est que le Pakistan serait au bord
de la faillite et ne disposerait plus que d’un mois de
réserves de devises. Le chef du Commandement central
américain, le général Anthony Zinni,
et un haut responsable du département d'Etat, Gibson Lanpher
étaient hier à Islamabad pour rencontrer les
dirigeants pakistanais (et se rendront aujourd’hui en Inde).
On ne doute pas que des prêts du F.M.I. et une aide du Fonds
Monétaire International serviront de carotte pour tenter de
faire entendre raison aux Pakistanais. Mais Islamabad
écoutera-t-il ? "Durant les 50 ans de son
indépendance, tous les hommes politiques du Pakistan ont
fait du rattachement du Cachemire leur cheval de bataille et le peuple
ne pardonnerait pas à Nawaz
Sharif de faire marche arrière", estime un observateur
politique. Reste alors la possibilité d’une
guerre. Mais un conflit conventionnel avec l’Inde ruinerait
rapidement le Pakistan. D’où la tentation
d’une guerre nucléaire - le ministre pakistanais
des Affaires Etrangères n’a-t-il pas averti "que
nous utiliserons TOUTES les armes nécessaires en cas de
conflit avec
l’Inde"...
FRANCOIS GAUTIER
UNE
INTERVIEW DU GOUVERNEUR DU CACHEMIRE (FRANCOIS GAUTIER,
24/6/99)
Dans son palais de
Srinagar, qui surplombe le merveilleux lac Dal, Girish Chandra Saxena,
gouverneur du Cachemire, qui fut Chef des Services secrets indiens
(RAW), a reçu le Figaro pour une interview
exclusive.
Q. Vous accusez le Pakistan d’avoir
créé et nourri l’intégrisme
musulman au Cachemire…
R. C’est Markaz Dawat ul Irshad, un Pakistanais,
qui a fondé le mouvement Harkat ul Ansar, qui fut
responsable de l’enlèvement de cinq touristes
étrangers au Cachemire, qui sont aujourd’hui
présumés morts. Depuis, les Etats Unis ont mis ce
groupuscule sur la listes de organisation terroristes, mais cela ne
l’a pas empêché de renaître
sous le nom de Al Faran, qui a des liens étroits avec
l’ISI, les services secrets de l’armée
pakistanaise, les Taliban, ainsi qu’avec Bin Laden.
D’ailleurs, lorsque les Américains
bombardèrent les camps de Bin Laden en Afghanistan, de
nombreux militants d’Al Faran y trouvèrent la
mort. Les groupuscules pakistanais qui nous combattent au
Cachemire: le Hizb-ul Mujahideen, le Tehrik-ul Mujahideen, le
Tehrik-i-Jihad, le Lashkar-i-Tayyaba, l’Al-Badar,
ou le Harkat-ul Ansar, envoient également de nombreux
mercenaires au Kosovo, en Palestine, ou même aux Etats Unis,
témoin l’attenat du World Trade Center, pour des
opérations terroristes. Ces groupuscules sont non seulement
soutenus par le Pakistan, mais ils reçoivent aussi des fonds
de l’Arabie Saoudite et des expatriés musulmans de
par le monde.
Q. Ne nous dites pas que le séparatisme kashmiri
est uniquement composé
d’étrangers…
R. Non, mais les premiers mouvements séparatistes
du Cachemire, tel le Front de Libération du Cachemire
(JKLF), ont été complètement
marginalisés par les groupuscules sponsorisés par
le Pakistan. Aujourd’hui, seulement 40% des militants
séparatistes sont kahmiris - et en plus, ils jouent des
rôles secondaires: courriers, ravitaillements etc. Par
contre, ils sont
encadrés par des moudjahidin afghans et des soldats
pakistanais, pour qui le Cachemire constitue la dernière
djihad. D’ailleurs, les pertes ennemies confirment ces
chiffres: sur les 1000 militants que nous avons tués
l’année dernière, 320
étaient des étrangers.
Q. Vous dites que ces groupuscules sont
antiaméricains. Pourtant les Etats Unis ne soutiennent-ils
pas le Pakistan ?
R. Les Américains font l’erreur de diviser le
monde musulman en deux : les états musulmans
‘durs’ - l’Irak, l’Iran, le
Soudan etc. Et les ‘bons’ états
musulmans - le Pakistan, l’Egypte, l’Arabie
Saoudite… C’est une stratégie
très simpliste, car dans des pays comme le Pakistan ou
l’Egypte, l’antiaméricanisme est
à fleur de peau et à la moindre
étincelle, il éclate ! De plus, l’US se
désintéresse du fondamentalisme musulman quand il
est loin : au Sinkiang ou au Cachemire, par exemple.
Grossière erreur : aujourd’hui les Stinger
distribués par les Américains aux Afghans pour se
débarrasser des Soviétiques, sont
utilisés contre nous
au Cachemire et ont descendu trois de nos appareils.
Q. On accuse votre gouvernement d’être
antimusulman…
R. L’Inde est un pays démocratique depuis 50
ans et il y a 130 millions de musulmans ici -plus
qu’au Pakistan - qui ont choisi de rester
à l’indépendance et qui vivent en paix.
On ne peut pas en dire autant de pays islamiques voisins, où
les Hindous sont toujours persécutés. Il y avait
d’ailleurs un million d’Hindous au Cachemire au
début du siècle - et aujourd’hui
à peine quelques centaines - car comme en
Algérie, des villages entiers ont été
massacrés par les intégristes. Nous avons eu deux
Présidents musulmans, un Chef de
l’Armée de l’Air musulman, un
Secrétaire d’Etat musulman; et
l’architecte de notre programme nucléaire et
balistique, Abdul Kalam, est un musulman - c’est lui qui
connaît tous nos secrets ! Pourquoi ne comprenez vous donc
pas que l’Inde est un rempart démocratique
proccidental en Asie, et que nous sommes entourés de nations
islamiques hostiles : ’Afghanistan, le Pakistan, certaines ex
républiques d’URSS, le Sinkiang chinois, un jour
peut-être. Voulez vous donc que
le Cachemire se joigne à eux ? Nous sommes si seuls dans
notre lutte !
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