Le Coran (القرآن ʾal qurʾān, récitation) est un livre,
sacré selon les musulmans orthodoxes,
qui regrouperait les paroles divines transmises au prophète Mahomet par l'archange Gabriel. Il est parfois également appelé kitâb
(livre, bible) ou dhikr (avertissement). Les
croyants de l'islam le considèrent généralement comme incréé. Il y a
cependant des exceptions à cette croyance comme celle de l'école motazilite, triomphante au
tournant des VIIIe-IXe siècle
sous le califat de Harûn
Ar-Rachid, mais persécutée au IXe siècle.
Cette Révélation
faite à Mohamet se serait déroulée sur une période de vingt-trois ans.
Le Coran classique est divisé en cent-quatorze chapitres nommés sourates, mot dont le sens est
discuté, qui correspondraient aux cent-quatorze étapes de la Révélation.
Ces sourates sont elles mêmes composées de versets nommés ayat (pluriel
de l'arabe aya, preuve), ce qui doit être lié à la nature
miraculeuse que l'on attribue au livre. Les ayat sont au nombre de 6219
avec des variantes, certaines d'entre elles (6211 ou 6218) étant simplement
consécutives à des scansions différentes du texte.
- En vue de sa récitation, le Coran fut divisé postérieurement en sept parties
manzil (مَنْزِل [manzil], pl. مَنازِل [manāzil]) ce qui
permet de le réciter en entier au cours d'une semaine, il est aussi divisé en
trente parties juz (جُزْء [juz'], pl. أَجزاء [ajzā']) pour
sa récitation en un mois. Un signe particulier marque le début de ces divisions
۞
- Les juz sont eux même divisés en quarts (رُبْع [rub`],
pl. أَرْباع [arbā`])
- En Afrique du Nord l'usage est de diviser le texte en soixante sections ou
hizb (حِزْب [ḥizb], pl. أَحْزاب [aḥzāb]) pour des raisons
semblables.
Manzil |
Juz' |
Début |
Manzil |
Juz' |
Début |
Sourate |
verset |
Sourate |
verset |
1 |
1 |
I |
1 |
4 |
15 |
XVII |
1 |
2 |
II |
142 |
16 |
XVIII |
75 |
3 |
II |
253 |
17 |
XXI |
1 |
4 |
III |
92 |
18 |
XXIII |
1 |
5 |
IV |
24 |
19 |
XXV |
21 |
6 |
IV |
148 |
5 |
XXVII |
26 |
2 |
V |
1 |
20 |
XXVII |
56 |
7 |
V |
82 |
21 |
XXIX |
45 |
8 |
VI |
111 |
22 |
XXXIII |
31 |
9 |
VII |
88 |
6 |
XXXV |
1 |
10 |
VIII |
41 |
23 |
XXXVI |
22 |
11 |
IX |
93 |
24 |
XXXIX |
32 |
3 |
11 |
X |
1 |
25 |
XLI |
47 |
12 |
XI |
6 |
26 |
XLVI |
1 |
13 |
XII |
53 |
7 |
L |
1 |
14 |
XV |
1 |
27 |
LI |
31 |
|
28 |
LVIII |
1 |
29 |
LXVII |
1 |
30 |
LXXVIII |
1 |
L'ordre des versets du Coran a été modifié un certain nombre de fois . On y
retrouve maintenant un ordre peu chronologique, mais on peut le séparer en deux
sortes de textes :
- ceux de La Mecque,
antérieurs à l'Hégire, généralement
ce sont des versets plus courts, situés généralement à la fin du Coran
- ceux de Médine, postérieurs à
l'Hégire, plus longs et situés au début.
Ils se démarquent par des différences de style et de vocabulaire.
Avant l'Hégire
Dans les sourates de la première période, Mahomet affirme la résurrection des
morts et l'unité de Dieu, il se défend avec véhémence d'être un poète (voir
La révélation), il condamne la coutume païenne qui consiste à enterrer
vives les filles : il s'agit de révélations reçues à La Mecque. Néanmoins,
l'idée maîtresse de Mahomet fut la proclamation du monothéisme, avec pour
corollaire l'annonce de l'approche du Jugement dernier.
Les orientalistes allemands G. Weill et Nöldeke ont établi trois divisions
dans les sourates révélées à La Mecque :
- Dans le premier des groupes, le Créateur parle de la création, il y a une
description impressionnante du processus de la création, qui n'a été découverte
qu'après des années de recherches par les Occidentaux. Dieu invite les hommes à
ne pas douter et à suivre ses prescriptions afin de ne pas attirer sa colère.
- Les sourates du deuxième groupe décrivent les devoirs de tout Croyant : les
prières, le jeûne, le pèlerinage, l'aumône. Ces sourates invitent l'homme à se
perfectionner à travers le dévouement au Créateur.
- Dans la troisième partie, il y a les récits des Prophètes, une description
du châtiment qu'ont subi les peuples qui ont refusé de croire aux messages des
Prophètes.
Après l'Hégire
Les sourates médinoises sont plus « prescriptives ». Elles posent les bases
fondamentales d'une société nouvelle. Il y réagit également à des faits
contemporains : rappel du respect dû au prophète et à sa famille, louange de
ceux qui meurent dans la voie de Dieu, attaques contre les hypocrites. Près de
500 versets regroupent les réglementations religieuses, civiles et pénales.
D'autres sourates médinois résument également les devoirs et les croyances du
bon musulman.
La révélation
Le Coran aurait été révélé au Prophète Mahomet par l'intermédiaire de
l'Archange Gabriel ou Jibraïl en arabe. Pour les musulmans, le Coran est un
livre saint qui n'a pas subi d'altération après sa révélation, car Dieu a promis
que ce livre durerait jusqu'à la fin des temps. Ces révélations auraient
commencé dans la Grotte de Hira
où le Prophète s'isolait pour réfléchir en
toute tranquilité et ne pas se mêler aux païens et
à leurs pratiques. Jibraïl serait apparu, et lui aurait
communiqué les premiers versets du Coran. « Lis au
nom de ton Seigneur » sa réponse fut « Je
ne sais pas lire », car, en effet, il est établi que
Mahomet était illétré ; dès lors, et
durant 23 ans, la révélation continua, au fil des
années et des événements.
Ordre des textes du Coran
La tradition rapporte que, du temps de Mahomet, ils étaient écrits sur des
feuilles de palmier, des os plats (omoplates de chameau), des peaux ou des
pierres, et étaient appris par cœur par les croyants, en entier ou en
partie.
Dans la période qui suivit la mort de Mahomet, des divergences sont apparues
au sein de la communauté sur l'ordre chronologique des sourates. Selon l'ordre
choisi, l'interprétation de certains passages pouvait varier et pour trancher,
une large partie des autorités opta pour un ordre théoriquement neutre : l'ordre
décroissant de longueur. Une exception fut faite pour la première sourate, fort
courte, qui sert d'introduction.
Ce classement a ses partisans qui y voient l'affirmation de l'unité profonde
du Coran dont aucune partie ne peut être envisagée indépendamment du tout. Il a
aussi ses détracteurs qui dénoncent une altération grave à la chronologie de la
Révélation
voulue par Dieu lui-même.
Diverses tentatives plus ou moins concordantes ont été faites pour
reconstituer l'ordre chronologique. Celui-ci fait apparaître des correspondances
éclairantes avec les événements de la vie du prophète tels qu'ils sont rapportés
par la sunna. Des interprétations
nouvelles de certains passages obscurs ont ainsi pu être avancées.
Traduction du Coran
Les courants conservateurs prétendent que le Coran ne peut exister qu'en arabe et qu'il ne peut pas et
ne doit pas être traduit. Cette affirmation est souvent ressentie comme une
volonté d'arabisation plus que d'islamisation dans les populations non
arabophones. De la même façon le sermon
de la prière du vendredi ne pourrait être fait qu'en arabe. Devant l'évidente
inutilité de faire un discours dans une langue que personne ne comprend dans
l'assemblée il a fallu faire un compromis. Les imams font deux fois le même discours dans la langue
vernaculaire et, souvent sous une forme abrégée, en arabe.
L'ange Gabriel a eu pour mission de faire descendre le contenu du Coran
céleste et de la transmettre au prophète.
« Ceci est, au contraire, un Coran glorieux écrit sur une table
gardée ! »
Le Coran (LXXXV ; 21-22)
« Le Coran est la parole de Dieu révélée à Son prophète et transcrite sur les
pages du Livre. »
Ibn
Khaldoun, Le livre des exemples. Muqaddima VI, X
C'est la tradition sunnite exprimée par Ibn Khaldûn, mais elle laisse
entendre qu'il y a un original dont le Coran matériel est la transcription. Du
point de vue ésotérique, le Coran matériel n'est que la représentation physique,
une sorte de réplique, d'un Coran supérieur, occulté aux yeux du profane, un
Coran enregistré sur une Table gardée (اللَوْح المَحْفوظ [al-lawḥ al-maḥfūẓ],
la tablette préservée) (Le Coran LXXXV; 21-22), un livre caché
(كِتَاب مَّكْنُون [kitāb mmaknūn], livre caché) (Le Coran LVI; 78)
et que les mystiques appellent la Mère du Livre (أَمّ الكِتَاب [umm al-kitāb],
mère du livre) (Le Coran III; 7).
« Ha, Mim.
« Par le Livre clair !
« Oui, nous en avons fait un Coran
arabe !
« –Peut-être comprendrez-vous–
« Il existe auprès de nous, sublime
et sage, dans la Mère du Livre. »
Le Coran (XLIII ;
1-4)
Ces quelques versets disent beaucoup. Le Coran est un livre clair. Le Coran
est en arabe : pour être compris des bédouins de La Mecque, c'était évidemment la seule
façon d'y parvenir. Cela a servi longtemps à s'opposer aux traductions. Est-ce à
dire que le Coran ne peut exister qu'en arabe ? Cependant il y a eu très tôt des
traduction au moins partielles.
- Du vivant du prophète Salman le Persan, fit une traduction de la
Fatiha, la première sourate,
pour être utilisée lors de la prière par les persans.
- Ja`far ibn Abî Talib, frère d'`Alî traduisit quelques versets parlant de Jésus et Marie, lors de son ambassade
au nom du prophète auprès du souverain chrétien d'Ethiopie le Négus.
- Une traduction en berbère fut
faite vers 754. Elle a disparu à cause de la
volonté d'arabiser l'Afrique du Nord.
- Une traduction en persan fut faite
en 956.
- Une traduction en latin datant de 1143, de Pierre le Vénérable, ne fut
publiée qu'en 1543 après la chute de Constantinople.
Il y a d'assez stériles controverses sur la présence de mot d'origine non
arabe dans le Coran. Pour nommer des produits d'importation connus du monde
arabe il est assez naturel que l'on ait employé le mot d'origine.
La bataille de
Talas en 751 avait permis aux arabes de
bénéficier des inventions chinoises. Ils prirent le papier et la soie. Les États
musulmans attendirent plus de trois siècles avant d'introduire l'imprimerie, dont ils se méfiaient.
Même après cette introduction, l'impression du Coran fut très longtemps
considérée comme impie. Il faudra attendre 1787 pour voir la première version
imprimée du Coran. Les Ottomans en
1757 avaient promulgué un édit contre l'imprimerie. Les armées de Bonaparte apportèrent la première
presse à imprimer en Egypte au cours de
la campagne de 1798.
Analyse historique du Coran
Coran de
Uthman du 7em siècle
Le Coran détient la particularité que son texte n'a pas été révélé en une
seule fois mais progressivement, morceaux par morceaux, sur une période qui
s'est étendue sur vingt-trois années.
Du vivant même du Prophète, au fur et à mesure de sa révélation, le Coran
est conservé dans les mémoires des hommes et récité chaque jour dans les 5
prières obligatoires. Simultanément, ses versets sont tous mis par écrit sur
ordre du Prophète lui-même avec des scribes (29 se sont relayés). Après
chaque révélation, en effet, celui-ci dicte à un de ses scribes aussi bien le
texte de celle-ci que la sourate où il faut l'insérer. Car la classification des
versets les uns par rapport aux autres ne se fait pas selon l'ordre
chronologique de leur révélation, mais suivant un ordre différent, qui suit les
indications du Prophète. Uthman, le troisième calife qui justement est à
l'origine des copies coraniques que l'on prétend être les premières traces
écrites du Coran, racontait : "Lorsque plusieurs versets étaient révélés au
Prophète, celui-ci appelait des personnes sachant écrire et leur disait :
"Placez ces versets dans telle sourate, celle où sont mentionnés tels et tels
sujets". Et lorsqu’un verset lui était révélé, il leur disait : "Placez ce
verset dans telle sourate, dans laquelle sont mentionnés tels et tels sujets""
(rapporté par Abû Dâoûd et At-Tirmidhî, authentifié par Ibn Hibbân : cf. Fat'h
ul-bârî, tome 9 p. 29). Les supports se constituent de papier, de pierres
tendres, d'omoplates de chameaux, etc., et sont dispersés auprès de différents
Compagnons (rapporté par Al-Bukhârî).
Si le Prophète indique, au sein de l'ensemble du texte coranique déjà révélé,
la place où doit être insérée chaque nouvelle révélation, s'il encourage ses
Compagnons à apprendre par cœur le texte coranique (certains le connaissent
intégralement) et s'il veille à ce que chaque fragment révélé soit également
couché sur un support matériel, il ne fait pas préparer une copie rassemblant
tout le texte coranique. Pourquoi ? Tout simplement parce que la révélation
n'est pas encore terminée, que de nouveaux versets peuvent être révélés, et que
ceux-ci peuvent être insérés au milieu (et non à la fin) du texte coranique déjà
présent.
Compilation du texte coranique sous Abû Bakr, le premier calife du
Prophète
Le recensement de l'intégralité du texte coranique se fait dans les 2 ans qui
suivent la mort du Prophète, sous le premier calife Abû Bakr (632-634).
Celui-ci, conseillé par Umar qu'effraie la mort de nombreux compagnons
connaissant par cœur l'intégralité du texte coranique, charge Zayd ibn Thâbit
(qui avait été scribe du Prophète) de rassembler les divers supports écrits et
de préparer une copie du texte coranique intégral. Le texte est rédigé dans sa
totalité sur des feuillets (sahifa), qui sont confiés à la garde de Abû Bakr
lui-même. Après la mort de ce dernier, le deuxième calife, Umar (634-644) les
reçoit. Après sa mort, ils sont confiés à sa fille Hafsa, veuve du Prophète.
(Tous ces éléments sont rapportés par Al-Bukhârî, n° 4701. Voir également Fath
ul-bârî tome 9 pp. 19-20, et Al-Itqân, pp. 184-185.) C'est donc ici, dans les 2
ans qui suivent la mort du Prophète (et non 20 ans après), sous le califat de
Abû Bakr, que le texte coranique est redigé dans son intégralité dans une même
copie (il s'agit de l'ensemble des feuillets).
Universalisation des copies sous Uthmân, troisième calife du
Prophète
Sous le califat de Uthman, troisième calife (644-656), le territoire musulman
s'est considérablement agrandi et de nouveaux problèmes surgissent : quatre type
de divergences apparaissent à propos du texte du Coran. Le calife Uthmân décide
alors d'officialiser un type unique d'écriture du texte coranique et d'établir
une classification unique des sourates les unes par rapport aux autres. C'est à
cette fin qu'il charge une commission de préparer plusieurs copies (mus'haf) du
Coran. Et cela se passait en l'an 25 de l'hégire, soit 15 ans (et non 20 ans)
après la mort du Prophète (sur lui la paix). Ces copies préparées, Uthmân les
fait envoyer en différents points importants du territoire musulman. (Tous ces
éléments sont rapportés par Al-Bukhârî, n° 4702.) Les copies du Coran écrites de
nos jours suivent toujours mot pour mot et lettre pour lettre cette écriture des
copies d'Uthman, écriture justement nommée "ar-rasm al-uthmanî".
Une de ces copies existe encore aujourd'hui, et se trouverait à Istanbul
(Turquie).
Le Coran serait inimitable
Chez les musulmans non arabophones ce genre de discours ressemble plus à un
acte de foi qu'à un jugement rationnel. Néanmoins la tradition rapporte que la
complexité du Coran est telle qu'un défi est lancé aux humains et aux djinns de coopérer pour donner un livre
pareil.
Dis : « Si les hommes et les djinns s'unissaient pour produire quelque chose
de semblable à ce Coran, ils ne produiraient rien qui lui ressemble, même s'ils
s'aidaient mutuellement. »
Le Coran (XVII ; 88)
Un autre défi fut également lancé aux plus éloquents des Arabes de forger dix
sourates semblables à celles du Coran. Vers 786, sous le règne du Calife abbasside al-Hâdî, quelques lettrés tentèrent de relever ce défi.
Au bout d'un an, ils n'auraient pas pu produire l'équivalent d'une sourate.
C'est ce que prédisait la sourate suivante :
« Si vous êtes dans le doute au sujet de ce que nous avons révélé à notre
serviteur, apportez-nous une sourate semblable à ceci ; appelez vos témoins
autres que Dieu, si vous êtes véridiques.
« Si vous ne le faites pas — et
vous ne le ferez pas — Craignez le feu. »
Le Coran (II ;
23-24)
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