Forces
nucléaires stratégiques : 24 à 48
têtes nucléaires
|
|
Nombre
|
Portée
|
Mise
en service
|
Type
/ Puissances
|
Têtes
nucléaires
|
Bombardiers |
|
|
|
|
|
F-16
A / B
|
32
|
1
600 km
|
1983
|
nc
|
nc
|
|
|
|
|
|
|
Missiles
SRBM / IRBM
|
|
|
|
|
|
M-11
|
30
|
300
Km
|
1992
|
nc
|
nc
|
Shaheen
I / Hatf-4
|
nc
|
700
Km
|
2003
|
nc
|
nc
|
Ghauri
I / Hatf-5
|
10
(2)
|
1300
- 1500 Km
|
1998
|
nc
|
nc
|
Ghauri
II /Hatf-6
|
nc
|
2
000 - 2 300 Km
|
En
développement
|
nc
|
nc
|
Peu de temps après la
défaite humiliante subie face à l'Inde en 1971,
Zulfikar Ali Bhutto, président du Pakistan va lancer un
programme de recherche nucléaire " notre peuple aura sa
bombe islamique, même s'il lui faut manger de l'herbe pour la
financer ". Les recherches de matière nucléaire
vont s'orienter sur la production d'uranium enrichi avec l'aide du
docteur Adbul Qadeer Khan (3),
considéré comme le père du programme
nucléaire militaire pakistanais. En 1976 le Pakistan
parvient à réaliser des centrifugeuses
à gaz au sein des laboratoires de recherche technique, dans
la ville de Kahuta. La première étape vers la
construction d'une bombe atomique venait d'être franchie.
La République Populaire de
Chine (RPC) (4),
va fournir dès le début des années
1980, l'aide nécessaire à la fabrication d'armes
atomiques, notamment en fournissant les plans d'une bombe à
l'uranium enrichi, en construisant un réacteur à
eau lourde (à Khushab) et une usine de retraitement de
combustible usé à Chasma. Ce réacteur
va devenir l'élément central avec la production
de 15 Kg de plutonium nécessaire à la confection
de 2 à 3 bombes nucléaires par an. Cette nouvelle
disponibilité permettra d'augmenter ses capacités
de production d'armes nucléaires (de 20 % à 30 %
en plus) et de créer des armes plus
légères et plus compactes que les bombes
à l'uranium hautement enrichi.
Les décennies de recherche
et la volonté de mettre en œuvre une force
nucléaire ont été principalement
motivée par les craintes d'une domination militaire de
l'Inde. Suite aux essais indiens les 28 et 30 mai 1998, le Pakistan
sortira enfin de l'ombre pour devenir la huitième puissance
nucléaire.
Par ces différents efforts,
le Pakistan semble vouloir mettre en valeur ses forces
nucléaires de manière significative, pour
concurrencer la future triade nucléaire indienne (terre,
air, sous-marine), qui sera mise en place dans la décennie
à venir.
Le Pakistan va certainement continuer
à moderniser son dispositif nucléaire au cours de
la prochaine décennie. Les estimations de son arsenal
nucléaire sont de l'ordre de 24 et 48 têtes
nucléaires. Cependant, le Pakistan aurait produit assez
d'uranium enrichi pour créer entre 30 et 52 armes
nucléaires (soit un stock de matière fissiles
compris entre 480 et 1 040 kilogrammes).
Composante
nucléaire terrestre
Le Pakistan ne possède que
deux types de missiles balistiques, des missiles à courte
portée (SRBM) et à portée
intermédiaire (IRBM). L'acquisition de missiles
intercontinentaux, à la différence de l'Inde,
n'est pas un objectif prioritaire d'Islamabad. Le manque de savoir
faire technologique et l'inutilité de posséder de
tels missiles (la capitale de l'Inde, l'adversaire principal se trouve
à moins de 500 kilomètres de ses
frontières) en sont les deux raisons principales.
Montrer au grand jour ses forces
militaires est une des multiples facettes que compte le jeu de la
dissuasion nucléaire. Ainsi, cette année, de
nombreux essais de tirs de missiles (5)
ont été effectués pour affirmer
à la fois le haut niveau de sa technologie et
étaler sa puissance militaire.
Le 8 janvier 2003, une nouvelle
étape vient d'être franchie. Le missile Ghauri
à capacité nucléaire, a
été officiellement introduit dans
l'armée pakistanaise (6).
L'introduction de cette arme devrait avoir selon le
président Général Pervez Musharraf "
un effet dissuasif " (sur l'Inde).
Le Ghauri peut atteindre des cibles
situées à 1 500 Km. Ce missile (7) est issu
du vecteur nord-coréen (8)
Nodong, qui est lui-même un dérivé du
missile Scud soviétique. Le premier test de ce missile fut
effectué le 6 avril 1998. Deux autres versions de missile de
portée intermédiaire (entre 2 000 et 3 000 Km)
seraient en cour de développement (Ghauri II et le Ghauri
III) testés respectivement le 14 avril 1999 et le 15
août 2000.
Outre ses vecteurs à
capacité nucléaire, le Pakistan, dispose d'un
certain nombre d'autres missiles, qui le cas
échéant pourraient être
dotés d'une tête nucléaire :
- le
Shaheen I ou Haft-4 (9)
(version chinoise du M-9), dont la production en série a
commencé depuis la fin de l'année 2000. Sa
portée est de 700 kilomètres. Depuis 1992, la
Chine a vendu au Pakistan plus de 30 missiles M-11 ;
- le
Shaheen II, qui fut dévoilé lors de la parade
militaire du 23 mars 2000 était transporté par un
véhicule mobile. Il aurait une porté de 2 500 Km.
Le Pakistan devrait continuer
à améliorer sa capacité balistique,
pour être apte à l'avenir à
pénétrer plus en profondeur la défense
adverse.
Composante
nucléaire aérienne
Cette force nucléaire
aérienne est composée principalement de 32
appareils d'origine américaine de type F-16A et F-16B.
Cependant d'autres types de chasseurs bombardiers pourraient
être dotés d'une capacité à
délivrer des bombes nucléaires (64 Mirage V, 60
A-5 d'origine chinoise).
Cette composante est
répartie sur deux escadrons (le n° 9 et le
n° 11) qui se trouvent sur la base de Sargodha (160 Km de
Lahore). La probabilité qu'un second
dépôt de bombe nucléaire soit
installé sur une base près de la
frontière afghane est grande. En effet, en cas d'attaque de
l'Inde en premier, ce second dépôt offrirait la
possibilité de regrouper cette force aérienne et
de répliquer à cette attaque.
Depuis la fin des années
1970, le Pakistan était soumis à un embargo sur
les appareils militaires provenant des États-Unis. Ainsi,
les 71 chasseurs F-16 commandés (11 en décembre
1998 et 60 en septembre 1989) n'avaient à ce jour jamais
été livrés. Cependant, les Etats-Unis
ont besoin de ce pays aujourd'hui, dans le cadre de leur lutte contre
le terrorisme international. C'est pour cette raison, que le
président Bush a levé l'amendement Pressler (mis
en place en 1985). C'est donc la fin des sanctions
économiques, un retour de l'aide militaire (10) et
l'arrivée dans les années à venir de
ces avions, qui renforceront un peu plus la composante
nucléaire aérienne pakistanaise.
(1)Pakistan Weighed Using
Nuclear Bomb, 30 décembre 2002, .
[2] In " Inde-Pakistan : forces
militaires et nucléaires en présence", les
rapport du Grip n°3, 2002.
[3] Khan est un ingénieur
formé en Allemagne. Il était employé
dans une compagnie néerlando-germano-britannique URENCO, au
sein de l'usine d'enrichissement d'uranium à Almelo en
Hollande au début des années 1970. C'est dans
cette usine qu'il a volé divers secrets de fabrications de
centrifugeuses à gaz permettant d'enrichir l'uranium.
[4] En aidant le Pakistan à
se doter de la puissance nucléaire, la Chine
créait le parfait contrepoids, pour diviser la puissance
indienne. L'Inde, puissance nucléaire, devra ainsi tenir
compte de deux ennemis potentiels, la Chine et le Pakistan.
[5] Le 25 mai, troisième
tirs du missile Ghauri (Hatf-5) qui transportait lors de cet essai une
fausse tête nucléaire, montrant ainsi le
rôle stratégique de ce vecteur. Le 26 mai, test
pour la première fois du missile Ghaznavi (Hatf-3) d'une
portée de 290 km à capacité
nucléaire. Le 28 mai, premier test du missile Abdali
(Hatf-2), d'une portée de 180 km. Ce missile, qui ne
délivre que des têtes conventionnelles, est une
réponse au missile indien Prithvi..
[6] L'armée pakistanaise
prend possession d'un missile à capacité
nucléaire,
http://www.larecherche.fr/energie/n030109065456.5bk7k2m1.html, 9
janvier 2003.
[7] Ce missile est
développé, testé et produit par le
Khan Research Laboratories (KRL).
[8] Le New York Times a
rapporté les faits suivant : la CIA a, en juillet 2002,
espionné un avion cargo C-130 (fabrication
américaine de la compagnie Lockheed) pakistanais. Cet avion
a débarqué sur un aérodrome militaire
nord coréen pour prendre des pièces
nécessaires à la conception de missile
balistique. Cet épisode montre le lien important de
transferts de technologie balistique entre ces deux pays. Atomic ties
link North Korea and Pakistan, 25 novembre 2002, The New York Times,
http://www.iht.com/articles/78043.html..
[9] Ce missile est en service au sein
des forces armées pakistanaises depuis le 6 mars 2003.
[10] Depuis le début de la
guerre contre le terrorisme mené par les Etats-Unis,
à la suite des attaques perpétrées le
11 septembre 2001, le Pakistan a vu son aide accordé par les
Etats-Unis passé de 3,5 millions de dollars avant cette
guerre à, actuellement, près de 1 milliard et
trois cents millions de dollars. Source : Bulletin of the atomic
scientists, Guns are US, p 3 8-39 janvier - février 2003
|