De l’an 1000 au 15ème, l’Inde
est morcelée. Dès le 14ème, l’Inde va
subir l’arrivée des navigateurs portugais (1498 Vasco de Gamma). 30 ans plus
tard, ce sont des envahisseurs turco-mongols viennent par voie terrestre ;
ils sont fascinés par les richesses des plaines de l’Inde.
Il y a donc deux types de pénétration :
- Par
la terre, une pénétration de l’espace
- Par
la mer, une pénétration commerciale (épices,…)
Les turco-mongols
vont fonder l’Empire Moghol, en 1526, sous l’égide d’un descendant de Gengis
Kahn. Cet empire est créé à partir de l’Inde
du nord, et son apogée se situe au début du 18ème, au niveau de la superficie.
Jusque vers 1730, cet empire va prospérer et assurer une unité politique.
- 1526-1730 : 1ère
phase d’unification politique
- 1730-1810 :
nouvelle phase de fragmentation politique accompagnant le déclin de
l’empire Moghol.
L’empire Moghol, dont la capitale
est Delhi, n’est plus, depuis 1730-40, le centre vers lequel vont les
marchandises et les richesses. Le commerce va devenir plus local, mais les
anglais vont faire survivre l’empire jusqu’en 1858. Dans les faits, depuis
1730-40, l’empire Moghol n’a plus d’unité politique.
- 1810-1947 :
nouvelle phase d’unification sous la domination anglaise.
Dans le début du 17ème, les
anglais s’installent en Inde. Ils sont
présents dans les comptoirs commerciaux (ports) uniquement sur les côtes. Ils
vont rester numériquement très faibles. Les marchands européens sont des
représentants de grandes firmes, comme la Compagnie Anglaise
des Indes Orientales, qui se constitue en 1600 par une charte royale
reconnaissant le monopole du commerce entre l’Angleterre et les Indes (toute
l’Asie) à une compagnie. Cette compagnie va concentrer ses activités dans la
péninsule indienne.
Jusqu’en 1750, elle
s’oppose à toute occupation territoriale. Mais c’est par contrainte plus que
par choix : sur terre, l’empire Moghol est une puissance militaire trop
forte, tandis que sur les mers, les européens sont supérieurs → ils vont
réussir à contrôler des réseaux commerciaux asiatiques. Tant que l’empire
Moghol est fort, les anglais se contentent de commercer avec des points de
commerce réduits.
Dès 1730-40, la compagnie
va devenir conquérante et va contrôler des populations indigènes.
Comment une firme commerciale privée est-elle
parvenue à inféoder l’Inde ?
Dès 1784, la couronne anglaise soutient la compagnie. La conquête de
l’Inde s’étend sur près d’un siècle.
Vers 1938, soit la fin de la période coloniale, l’Angleterre dispose de 4,2 mio
de km2 en Inde avec 392 mio
d’habitants. Rien qu’avec l’Inde, la
Grande-Bretagne est plus développée que l’Empire romain au sommet de son
expansion. La puissance britannique a progressivement remplacé l’empire Moghol,
car l’écart entre la puissance terrestre Moghol et les moyens de la compagnie
ne vont cesser de se réduire. De plus, la compagnie va mener une politique très
habile en jouant sur les rivalités locales pour grignoter du terrain. Cela va
d’abord être le cas au Bengladesh, ou la compagnie va amasser les richesses
nécessaires pour étendre son emprise sur le territoire indien, sous forme de
pillages, d’impôts ou de tribut.
Vers 1750, l’utilisation des ressources
matérielles et humaines du Bengladesh va permettre à la compagnie de constituer
une armée de soldats locaux, dirigés par des officiers anglais. Dès 1780, grâce
au Bengale, l’armée anglaise en Inde compte quelques 1000000 hommes ; en
1810 ce n’en seront pas moins de 155000 et 300000 en 1850. Certains états
indiens vont tout de même résister à la pénétration anglaise,
mais ils ne parviendront pas à s’unir. Jusqu’à la fin du 19ème siècle, il
n’existe pas de sentiment national en Inde.
Cela contribue à expliquer la facilité rencontrée par les anglais pour monter
leur armée ; de plus, les Moghols procédaient également en recrutant parmi
les communautés, et les anglais leur sont financièrement de loin
supérieur.
Pourquoi les différents états indiens
n’ont-ils pas réussi à s’unir ?
L’état Moghol était dominé par une oligarchie
militaire et de confession musulmane (turc, iranien, afghan). Or ils régnaient
sur une population rurale et hindoue, et par conséquent, au lieu de s’unir sous
l’égide d’un sentiment national, les états vont se révéler protecteur de
l’hindouisme et de la religion musulmane avant tout. C’est donc l’absence d’un
sentiment national qui a empêché l’unification. Les résistances à la
colonisation britannique ont donc été trop dispersées, et certaines élites
indiennes vont jouer la carte britannique, comme certaines banques qui vont
prêter des quantités d’argent importantes à la compagnie. Les marchands
préfèrent également la domination anglaise
pour des raisons de sécurité. Les anglais profitent de cette fracture dans la
société indienne, et les élites vont apparaître comme une des clefs de leur
succès.
Les relations de la compagnie avec la société
indienne
La compagnie va perdurer jusqu’en 1857, date
de la révolte des Payes, une mutinerie, et nous allons analyser l’évolution de
ses rapports avec la société indienne, qui débutent en 1760.
1784 : l’état anglais supervise la
compagnie
1813 : abolition du monopole du commerce
en Inde, qui est suivi, en 1833, par
l’abolition du monopole du commerce en Chine. En effet, dès 1813, les
convictions militaires surpassent les buts économiques originels et la
compagnie apparaît de plus en plus comme un écran du gouvernement anglais.
La compagnie a d’abord des allures de machine
fiscale, comme l’était l’empire Moghol, mais certains aspects divergent :
- le
système anglais maintient une stricte neutralité religieuse
- la
compagnie va faire reposer le système sur une haute bureaucratie, composée
de fonctionnaires recrutés en Angleterre
- la
compagnie utilise la force armée dont elle a le monopole
Plus tard, c’est la
couronne britannique qui reprendra le flambeau, à peu près de la même manière.
Cette méthode politique a permis d’arriver à un état puissant, mais très coupé
de la réalité sociale indienne : la compagnie a réduit au strict minimum
le rôle des indiens dans l’état, ce qui crée en revanche une quantité de
débouchées professionnelle en faveur de la noblesse anglaise,
bien que les anglais soient peu nombreux en Inde
et qu’ils vivent à l’écart même de l’élite indienne. Il y a juste assez de
fonctionnaires anglais pour permettre aux impôts d’entrer. L’état
s’appuie sur l’armée, composée en majorité de soldats recrutés sur place, et la
bureaucratie, c’est la base financière du système.
Sous la domination Moghol, aussi étrangers et
qui recrutent aussi au loin, certaines élites locales ont accepté d’offrir leur
loyauté en échange d’honneurs accordés à des notables locaux ou à des mariages.
Sous la domination anglaise, la loyauté
ne repose que sur le rapport de force, soit le fait que les anglais disposent
d’une armée invincible.
Le problème anglais est un problème de
légitimité : tout le régime indien repose sur l’armée, qui, depuis le
milieu du 18ème jusqu’au milieu du 19ème, est composée à 90% de soldats
recrutés sur place → les officiers anglais manquent donc de légitimité, et le
sentiment de non reconnaissance va souvent de pair avec une extrême sensibilité
à l’égard de ce qui peut paraître comme une attaque à la religion (musulmane,
hindoue) ; le système est donc fragile, d’autant plus que les anglais ne
peuvent se passer d’acteurs indiens. L’armée a beau être puissante, l’Inde est si grande qu’elle ne peut être présente
partout ; l’ordre dépend par conséquent de la coopération de notables
locaux. L’entrée de l’impôt foncier requiert un recours à de petits
fonctionnaires indiens, qui sont très sensibles aux pressions de la société
locale, et également la participation d’états princiers. La compagnie a conclu
des accords avec ces états princiers (dont l’Inde
est composée, outre les provinces), qui lui sont redevables, car elle contrôle
leur administration financière. Il est difficile de gagner leur loyauté, étant
donné que l’état anglais est mal intégré → la compagnie va s’ériger en
protecteur de l’empereur Moghol, qui continue théoriquement à régner à Delhi,
en réponse aux problèmes de légitimité, de reconnaissance et de prestige, bien
que l’empire Moghol soit « mort ». L’association des pouvoirs anglais
et Moghol est donc une pure fiction, puisque, également, les deux empires ne
fonctionnent pas de la même manière.
La compagnie va limiter son intervention
économique notamment en cas de famine, sous prétexte que, en laissant jouer
librement les mécanismes du marché, la solution viendra d’elle-même. De telles
situations vont entraîner des oppositions, mais avant 1850, celles-ci ne sont
pas organisées, et les révoltes sont sporadiques. Mais ces révoltes sont tout
de même le signe d’une instabilité causée par le manque de légitimité de la
couronne anglaise.
L’explosion de 1857 : La grande rébellion
Cet événement est au centre de toute
l’histoire coloniale de l’Inde. Cette
secousse s’inscrit dans la vague révolutionnaire qui part d’Europe (1848 :
révolutions en Europe) et dans le contexte de la révolution des Taiping (1854).
On l’appelle mutinerie car il y a eu une propagation à partir d’un point de
départ, qui est l’armée, notamment celle du Bengale. La 1ère emprise coloniale anglaise a eu lieu en 1757, et en 1857 a eu lieu
la 1ère mutinerie, qui a donc pour origine le Bengale. Cela est du au fait que
les populations ont le sentiment que leur mode de vie est mis en danger,
notamment leur religion. Dans les campagnes, le mouvement n’est suivi que là où
les grands propriétaires entrent en rébellion. L’attitude des marchands est,
quant à elle, très ambiguë : ils attendent de voir comment les choses
évoluent, or il apparaît rapidement que la mutinerie est vouée à l’échec.
Les causes de l’échec de la mutinerie
sont :
- un
manque d’objectifs clairs : un objectif aurait pu être la
restauration de l’Empire Moghol, or la majorité des mutins sont d’origine
hindoue et ne souhaitent pas ce retour à la domination Moghol ;
aucune autre institution n’est en pouvoir d’engendrer une telle loyauté,
il est donc impossible de lier tous les indiens.
- un
manque d’unité : les mutins auraient pu se tourner vers les princes
indiens pour assurer leur commandement, mais aucun ne bénéficiait d’assez
de prestige pour être le chef suprême.
- la
sévère répression anglaise :
on dénombre plusieurs centaines de milliers de victimes indiennes, et
l’armée pie tout sur son passage pour redistribuer aux sujets restés
loyaux ; c’est l’origine de nombreuses fortunes indiennes, qui ont
coopéré avec les troupes sous commandement britannique.
Après cette tentative de rébellion, les anglais vont
tirer quelques leçons, et seront prêts pour quelques changements :
1.
une garnison anglaise
importante restera en Inde, ce qui va
de pair avec une diminution de la proportion de soldats indiens, qui passe de
90% à 75%.
2.
Le gouvernement de Londres aboli la Compagnie des Indes
Orientales, qui a vu le jour en 1600. L’Inde
passe enfin sous l’administration directe de la couronne britannique. En 1858,
l’Inde est une colonie anglaise.
3.
L’empereur Moghol est destitué et l’empire
aboli ; toutefois, il faut attendre 1876 pour que la Reine Victoria soit
proclamée impératrice des Indes. Un vice-roi sera désigné à Londres.
Un culte sera voué à la reine Victoria, pour
remplacer la figure du grand Moghol, mais la population indienne est
profondément blessée par cette violente répression, et le fossé ne cesse de
croître entre colonisateurs et colonisés.
La période 1850-1914
Des initiatives vont être
prises pour tenter de combler le fossé entre britanniques et indiens et ainsi
réduire la fragilité des structures administratives :
1.
Le gouvernement colonial va s’efforcer de susciter la
loyauté des élites indiennes envers la Reine Victoria. Pour cela, les anglais
vont choisir des élites arrangeantes. Seuls les dirigeants des états princiers
représentent l’élite légitime indienne et vont être reconnus. Le problème est
que ces états sont de créations récentes et manquent de prestige auprès du
peuple et des propriétaires fonciers.
2.
Au niveau administratif : dans la 2ème moitié du
19ème, l’Inde va être reliée par
télégraphe (1868) puis par le canal de Suez (1869) à l’Angleterre, ce qui a
permis d’accentuer la surveillance britannique, et également au temps de
transmission de l’information de diminuer sensiblement.
3.
Le rôle de l’administration britannique va être accru,
grâce à la création d’un corps civil (ICS Indian Civil Service), composé de
fonctionnaires d’élites venant des meilleures universités d’angleterre.
4.
Certaines élites britanniques vont tenter d’insérer un
sentiment de loyauté envers la suprématie royale dans l’esprit des indiens.
5.
Les structures administratives vont être modifiées ;
dès 1858, de nombreux officiers britanniques sont placés en Inde pour assurer la surveillance. Les
structures sont hiérarchisées selon trois niveaux : 1) Les officiers
anglais et les membres de l’ICS
2) Le personnel technique
3) Les missionnaires
La prétendue supériorité raciale des anglais
sur les indiens va entraîner le repli de la société anglaise.
En revanche, des femmes anglaises arrivent en Inde
avec l’évolution des transports ; mais vers 1913, la population anglaise ne représente que 0.05% de la
population indienne. En réalité, c’est un jeu à trois qui est en train de se
jouer, entre anglais et indien, hindous et également musulmans. Pour les
anglais, les musulmans sont considérés comme ennemis avant la création du
Congrès, mais une fois celle-ci effectuée, ils voient en eux une possibilité de
lutter indirectement contre le Congrès. Ainsi, en 1906, on assiste à la
formation de la Ligue Musulmane.
Le mouvement nationaliste
L’émergence de ce mouvement est très précoce
en Inde, puisqu’elle débute vers 1870,
alors que ce sera plus tard pour les autres pays d’Asie. Les revendications ne
vont cesser d’augmenter pendant 30 ans, jusqu’à une radicalisation, une
formalisation de la contestation. La résistance vient en 1er lieu des élites
nouvelles, instruites à l’occidental, et des mouvements populaires, qui puisent
leur force dans l’hindouisme. Au sein de ces élites va naître un sentiment
communautaire hindou (la même chose va se produire chez les musulmans), leur
permettant d’affirmer leur identité. De la naissance du nationalisme hindou
découle la question de la place à laisser au mouvement musulman.
Des universités indiennes (de Calcutta,
Madras, Bombay,…), 1000 personnes sortent chaque année et se trouvent face à
des problèmes pou trouver du travail. L’offre va dépasser la demande et cela va
entraîner une baisse des salaires. La nouvelle élite, frustrée de na pas
trouver de débouchés, aurait pu se tourner vers le gouvernement anglais, mais 2
éléments vont assurer leur soutien au mouvement nationaliste et permettre
de changer d’état d’esprit :
- la
redécouverte de la grandeur du passé indien au sein de la communauté
hindoue, dont l’âge d’or est antérieur aux deux invasions musulmanes.
- L’effritement
de la confiance accordée aux britanniques, qui furent incapable de gérer
les famines et autres crises internes (entre 1875 et 1900, 18 grandes
famines tuèrent 26 millions d’indiens).
Au début, les nationalistes se voient dans des
clubs, forment des organisations, puis vont se prendre des décisions
politiques, en raison de la volonté d’effectuer des élections municipales
libres. En décembre 1885, à Bombay, on assiste à la création du Congrès
National, Indien ; cet événement est comme l’acte de naissance du
nationalisme. Les manœuvres de ce Congrès sont mesurées et non agitatrices. Les
intellectuels vont tenter d’engendrer des réformes, en affirmant leur position
au gouvernement anglais, ainsi qu’aux groupes et organisations anglais ;
mais cela sera presque sans effet. L’action suivante, qui mobilisera les
masses, se situera au niveau d’un boycott des marchandises anglaises et de
l’enseignement.
À l’aube de la 1ère guerre mondiale, la
situation est la suivante :
- Mahandas Karamchand Gandhi est de retour en Inde.
- Le Congrès indien joue une sorte d’opposition
contre l’emprise anglaise. Les membres
du Congrès sont
modérés et ne prônent aucune réforme sociale.
- La Ligue Musulmane apparaît comme une force pro
britannique.
1914-1947 : Indépendance et partition
La 1ère guerre mondiale va faire franchir au
nationalisme indien un saut qualitatif et quantitatif. Dans le début du 20ème,
le Congrès représente plus une opinion qu’une véritable force politique. Dès la
1ère guerre mondiale, le Congrès passe d’une dimension purement élitiste à une
autre nettement d’aspiration populaire. L’Inde
est la 1ère colonie européenne à
devenir indépendante, en1947, avant l’Indochine, en 1954, ou l’Algérie, en
1962.
Le processus de décolonisation
Précisons que la fin de la colonisation ne
signifie pas la fin des structures coloniales pour les colonies de peuplement,
mais la victoire de l’homme blanc sur l’indigène ; le terme de
décolonisation sera donc exclusivement utilisé pour les colonies
d’exploitation.
Les colonies indiennes et africaines ont la
particularité de puiser dans leur peuple pour leur propre gouvernance (avec
Nehru ou Mandela), alors que les USA, le Canada, le Chili, l’Argentine,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont des peuples d’importations de blancs,
et que d’autres pays d’Amérique Latine, fruits d’un métissage progressif, sont
tout de même gouvernés par des blancs. Non seulement, les colonies indiennes et
africaines ne furent pas accompagnées de peuplement, mais en plus, les
expatriés blancs ont du fuir lors de la décolonisation. La cause fondamentale
de la décolonisation est un défaut de peuplement ; sous la pression
politique, les européens sont contraints de quitter les colonies.
Les causes particulières de la
décolonisation :
1.
La 1ère guerre mondiale va affecter le prestige des
métropoles. Les colonisés vont prendre conscience de leur force, du fait que la
victoire des alliés est en partie le fait de la contribution en hommes, en
argent, et en divers produits en provenance des colonies. La 1ère guerre
mondiale a donc pour conséquence un renforcement du sentiment national en Inde. Pendant toute la période 1914-1947, des
éléments extérieurs vont favoriser la montée du mouvement nationaliste.
2.
Durant l’entre deux guerres, la contestation de la
légitimité des empires coloniaux est renforcée. Wilson et Roosevelt, par
exemple, clament leur anti-colonialisme.
3.
En 1919, on assiste à la création de la Société des
Nations. Celle-ci aura un droit de regard sur certains pays colonisés par
l’Allemagne ou l’empire ottoman et qui ont été mis sous tutelle des grandes
puissances comme la France ou l’Angleterre.
4.
Le communisme soviétique va aussi contribuer à la
décolonisation.
5.
En 1945, l’ONU est fondé.
6.
Pendant la Guerre froide, les USA et l’URSS tentent de
séduire les pays en voie de décolonisation pour les englober dans leur sphère
d’influence.
7.
Après la 2ème guerre mondiale, les grandes puissances
qu’étaient la France et l’Angleterre s’essoufflent et desserrent leur étreinte
sur les colonies.
8.
Il ne faut pas oublier la cause interne, qui est que
chaque pays va savoir trouver son guide, que ce soit Gandhi, Nehru ou Nasser.
Comme nous venons de le voir,
l’émergence du nationalisme indien est très précoce ; dès la 1ère guerre
mondiale, il y un bouleversement qui provoque l’essor du nationalisme, dont un
des agents dynamisant est Gandhi.
Gandhi (1869-1948)
Il est né dans une famille de
riches commerçants, et sa naissance correspond avec celle du nationalisme
indien. Il fait ses études à Londres, comme les fils de bonne famille, et
devient avocat en 1891, avant de s’en retourner en Inde
une courte période. Il a principalement effectué un séjour de 21 ans, de 1893 à
1914 en Afrique du Sud, où il est choqué par les traitements infligés aux
immigrants indiens, qui subissent les lois ségrégationnistes. Il décide donc de
s’engager dans la défense des droits et de la dignité des indiens. Dans cette
lutte, Gandhi va prôner la résistance passive ainsi que la non violence,
notamment à l’égard des autorités.
L’ambiguïté du message
social
L’Inde est composée de 3 ethnies : musulmans,
hindous, anglais
Gandhi se veut l’homme de
la conciliation ; il a une nette préférence pour les compromis que pour
les méthodes « brutales ». Il apparaîtra par conséquent aux yeux des
grands propriétaires terriens comme le seul capable de créer des conditions
favorables à une conciliation avec la paysannerie. Par ailleurs, Gandhi
refusera toujours de soutenir les révoltes paysannes contre ces mêmes grands
propriétaires fonciers.
La première réforme sur
l’agenda de Gandhi est naturellement la réforme agraire, secteur où l’essentiel
de la population se concentre. Dans son programme, qui concerne les inégalités
et l’agriculture principalement, il se montrera très modéré, ce qui permettra
au congrès national de bénéficier de l’appui entre autre financier des
possédants. Gandhi se tient à distance des mouvements nationalistes, mais son
désir de conciliation permet de calmer ceux-ci. Néanmoins, il défendra mal le
droit des minorités ainsi que leur intégration au sein des mouvements
nationalistes, et les musulmans ne leur accorderont que peu de confiance et
réclameront leurs terres( ???).
Gandhi, dans ces tentatives
de conciliation, va souvent se heurter à un front uni : les anglais vont s’associer
aux musulmans et aux princes contre le congrès national, qui représente
politiquement la majorité hindoue ; de plus, ils vont vouloir ne rien
céder et seront très intransigeants, tout comme les membres de la communauté
hindoue. Dans ce contexte, il va essuyer un grand nombre d’échec dans ces
tentatives de conciliation. Les anglais, jusqu’à l’indépendance, font beaucoup
de résistance, et ils vont utiliser tantôt les musulmans, tantôt les princes
pour empêcher le congrès de diriger le pays. Mais en 1937, le mouvement de
désobéissance social ainsi que le contexte général vont forcer les anglais à
organiser des élections provinciales. Un grand nombre de places sera attribué
au congrès, mais là où les nationalistes arrivent au pouvoir, une difficulté apparaît :
la lutte entre les différents groupes sociaux va s’engager au sujet de la
répartition des ressources financières, et la conciliation d’aspirations si
diverses va s’avérer une tâche très dure pour le congrès ; les indiens
sont en train de se retrouver entre eux.
Les groupes
sociaux
Dans les villes, les
syndicats luttent pour une hausse des salaires ouvriers que les industriels ne
sont pas prêts à accorder, et le congrès va se retrouver au centre du conflit.
Dans les campagnes, les
propriétaires fonciers s’inquiètent ; ils s’opposent évidemment à tout
changement de législation foncière, qui serait favorable à la paysannerie.
De cette dialectique vont
se tisser des liens entre le congrès et les propriétaires, aux dépens de la
paysannerie. Dans le monde rural, le gouvernement congressiste veut avant tout
donner satisfaction aux moyens et petits propriétaires, et les « sans
terre » vont être laissés pour compte. Gandhi va ensuite donner la
priorité à ce qu’il considère comme les problèmes de fond de l’Inde, qui sont l’éducation des masses et
l’abolition du système de caste ( ?). Les résultats seront mitigés.
La partition
Rappel : Le mouvement
nationaliste indien naît entre 1870 et 1890. Dès 1929, les nationalistes
exigent leur indépendance totale et sans condition. Dès ce moment domine une
conception unitaire du nationalisme, soit la vision d’un même pays pour les
musulmans et les hindous. Mais dès 1940, la ligue musulmane va revendiquer
« un foyer pour les musulmans uniquement ». Dès lors germe la théorie
des deux nations et l’idée d’une partition. La partition a été une blessure
profonde pour tous les indiens, aussi bien du Pakistan que du Bengladesh ou d’Inde.
Les facteurs
explicatifs :
· Les anglais n’avaient jamais
voulu d’une division, car ils craignaient que cela favorise les entreprises
russes. Néanmoins, les anglais sont placés dans le box des accusés en raison de
leur pratique, qui est de divisé pour mieux régner, ce qu’ils ont fait en
bénéficiant de l’appui de princes et d’une part de l’élite musulmane.
· La
division religieuse : pendant longtemps, les musulmans dirigeaient l’Inde, et ils n’ont donc pas supporté le
renversement de situation. Dans plusieurs régions, il y a conflit entre élites
hindoues, créditeurs, et musulmanes, qui tirent leurs ressources de leur terre,
car les élites indiennes ont le pouvoir de bloquer le développement des élites
musulmanes.
· La partition s’explique également
par les faiblesses du mouvement nationaliste indien. Le congrès apparaît comme
le représentant de la communauté hindoue, malgré sa théorique laïcité. Dès que
les anglais décident de se retirer d’Inde
et que le congrès apparaît comme leur logique successeur, les musulmans
cherchent à s’en séparer et à créer un état autonome, doutant du respect futur
de leurs droits. Mais la partition ne résout que partiellement la question,
étant donné qu’il existe encore à l’heure actuelle une minorité musulmane en Inde.
1.
L’intransigeance du congrès, qui n’a jamais voulu ni d’une
fédération souple, ni d’une présence musulmane en son sein, ni de provinces
gouvernées par les musulmans. Il y a là une totale opposition entre Gandhi et
Nehru. Le 1er est en faveur d’une Inde
indépendante qui serait une fédération de communautés villageoises, alors que
le second veut un état fort et centralisé. Et c’est la conception de Nehru qui
va l’emporter, et qui va avoir pour conséquence la séparation du Pakistan, pour
ne pas avoir un pouvoir central faible.
Ni les anglais, ni le congrès, ni la ligue
musulmane n’ont su ni mesurer l’ampleur des dangers ni minimiser leurs coûts
humains.
Entre été 1947 et janvier 1948, l’Inde acquiert son indépendance. Entre 13 et 16
millions d’hindous et musulmans vont traverser en sens opposé les frontières
hindo pakistanaises, et le nombre de victimes direct ou indirect est estimé à
10% du nombre de réfugiés, soit environ 1.5 millions de personnes..
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