Le "travail
des enfants" désigne un ensemble de
phénomènes extrêmement complexes. Dans
bien des pays, le travail à temps partiel est une
réalité de la vie pour de nombreux enfants, sans
qu'il s'agisse pour autant d'une exploitation économique ni
d'une entrave au développement de l'enfant. Dans la lutte
contre le travail des enfants, il faut donc examiner avec soin les
diverses formes que peut prendre cette activité, faire une
distinction entre travail et exploitation et analyser les facteurs
liés au développement et à la culture.
Le Canada, par exemple, n'a pas signé la Convention sur
l'âge minimum de l'Organisation internationale du travail
(OIT).
On convient
habituellement que l'exploitation économique des enfants est
fortement liée à la pauvreté. Les pays
caractérisés par les taux
d'analphabétisme les plus élevés, les
ratios les plus faibles d'inscriptions à l'école
et de graves carences alimentaires sont
généralement ceux où le nombre
d'enfants qui travaillent est proportionnellement le plus
élevé.
Le
phénomène de l'exploitation des enfants est
complexe lui aussi. Il n'est pas nécessairement
lié uniquement à la pauvreté et
pourrait être rattaché à de faibles
niveaux de développement, à l'absence de
possibilités de s'instruire et à certaines
traditions culturelles. Des solutions comme l'imposition d'un salaire
minimum ou l'école obligatoire, sans tenir compte des
facteurs économiques, sociaux et culturels à
l'origine du travail des enfants, risquent d'aggraver la situation des
enfants. À moins d'offrir des solutions de rechange aux
enfants et à leurs familles, de nombreux enfants
à qui il sera interdit de travailler deviendront des enfants
de la rue livrés à eux-mêmes ou ils
accepteront des emplois plus dangereux. On peut s'attendre que le
travail des enfants diminue graduellement à mesure que les
niveaux de développement augmentent. Mais
l'éradication de certaines formes particulières
d'exploitation des enfants et une réduction massive du
travail des enfants sont impossibles sans un engagement politique, sans
politiques précises et sans programmes de
développement.
Les causes du travail des enfants
Les
causes du travail des enfants sont diverses. La pauvreté
est la principale cause, mais pas la seule, à en juger par
une étude récente de l'OIT. Le travail est une
question de survie pour les enfants de familles pauvres. Il est
estimé qu'envoyer un enfant à l'école
primaire peut représenter une dépense qui
dépasse le tiers du revenu monétaire des familles
pauvres et que ces familles ont souvent plus d'un enfant en
âge d'aller à l'école. À
peine 68 % des enfants terminent leurs études primaires dans
le monde. Certains soutiennent aussi que l'une des causes du travail
des enfants est le fait que les enfants
sont payés moins cher que les adultes
pour le même genre de travail. Toutefois, selon l'OIT,
l'écart entre la rémunération des
enfants et des adultes pour un emploi semblable n'est habituellement
pas élevé (il n'est que de 5 % dans l'industrie
du tapis). Un argument invoqué souvent pour justifier le
travail des enfants est celui des "doigts agiles" - seuls les enfants
pourraient faire certains travaux ou les feraient mieux que les
adultes. Des études menées par l'OIT en 1992
réfutent cet argument en montrant que les travaux qui ne
peuvent être effectués que par des enfants sont de
petits travaux non spécialisés que des adultes
pourraient faire au moins tout aussi rapidement. L'étude de
l'OIT indique que, dans l'industrie du tapis, par exemple, certains des
plus beaux tapis, ceux qui comptent la plus grande densité
de noeuds, sont tissés par des adultes. Faire
travailler des enfants est moins compliqué que faire
travailler des adultes,
parce que les enfants sont souvent des travailleurs plus dociles. Une
foule d'enfants travaillent sans être
rémunérés dans des fermes, boutiques
et magasins familiaux qui dépendent de leur travail pour
assurer leur viabilité économique. Une autre
cause importante est le contexte
social
dans lequel vivent les enfants. Un manque de sensibilisation, la
tolérance ou l'indifférence expliquent aussi le
travail des enfants. L'OIT signale que, tant que la population en
général, et les classes moyennes et
élevées en particulier, considère que
le travail des enfants fait partie de la dure
réalité de la vie économique, les
conditions d'un changement ne pourront pas être
réunies. L'OIT signale également que l'esclavage
des enfants prédomine principalement lorsqu'il existe des
systèmes fondés sur l'exploitation de la
pauvreté, notamment l'asservissement des dettes, lorsque la
motivation est liée à l'endettement de la famille
pour respecter une obligation sociale ou religieuse ou simplement pour
acquérir les moyens de survivre. Les guerres provoquent
elles aussi le travail et l'esclavage des enfants.
Bien
souvent, l'absence de lois ne constitue pas le principal facteur du
travail des enfants. C'est plutôt le manque d'application des lois
existantes (aussi
minimes soient-elles) qui pose un grand problème.
L'application des lois laisse habituellement à
désirer dans le secteur non formel. Dans plusieurs pays, la
pénurie d'écoles rend problématique
l'application des lois concernant le travail des enfants. C'est
particulièrement le cas dans les régions rurales
du Brésil, de l'Inde et de la Turquie. En règle
générale, quand le niveau de vie est
très bas, le travail des enfants constitue une importante
source de revenu pour la famille.
Les moyens de combattre le travail des
enfants
Si la
communauté internationale a vraiment à coeur de
réduire le travail des enfants, elle do it appuyer sa lutte
sur des stratégies de développement comportant de
nombreux volets. Il faut insister fortement sur le
développement humain et présenter des solutions
économiques viables aux familles pauvres dont la survie
dépend de l'importante contribution du travail des enfants.
En
règle générale, les sanctions
commerciales et autres mesures punitives sont perçues comme
allant à l'encontre du soutien que le Canada accorde
à l'intégration des pays moins
développés au système commercial
mondial. Elles vont aussi à l'encontre des moyens
employés par le Canada pour promouvoir un dialogue
bilatéral, régional et multilatéral
constructif ainsi qu'un engagement envers les droits de la personne et
les normes du travail.
L'énoncé
de politique de 1995 du Comité d'aide au
développement de l'OCDE sur les partenariats de
développement dans le nouveau contexte planétaire
définit dans ses stratégies
intégrées certains des moyens les plus efficaces
de réduire le travail des enfants : insister d'abord et
avant tout sur la lutte contre la pauvreté; investir
massivement dans l'instruction; intégrer davantage la femme
au développement économique; créer
d'autres sources de revenu grâce au développement
du secteur privé; et faire participer davantage la
société civile et le gouvernement local.
Même
si la pauvreté est la cause fondamentale du travail des
enfants, elle ne joue pas toujours un rôle
décisif. Le conditionnement social et la volonté
politique comptent parmi les autres facteurs importants. Les donateurs
ont conclu d'après leur expérience que, dans
certains cas de pauvreté extrême (p. ex. familles
monoparentales), le travail des enfants ne peut être
éliminé efficacement que si le
problème de la pauvreté de la famille
disparaît lui aussi. Mais la lutte contre la
pauvreté devra toujours faire partie d'un ensemble
intégré de mesures visant à combattre
efficacement le travail des enfants.
- Les
investissements dans l'enseignement primaire, qui contribuent
à libérer les enfants du travail et comportent de
grands avantages économiques, sociaux et politiques, doivent
être grandement accrus afin d'atteindre les objectifs de
l'instruction pour tous. Compte tenu des aspects économiques
de la pauvreté et du coût d'option
élevé du point de vue de la famille, surtout pour
les filles, des politiques précises ont
été énoncées afin de
surmonter les obstacles à l'inscription des enfants
à l'école, notamment rapprocher les
écoles de la maison, améliorer la pertinence du
programme scolaire et réduire les frais directs.
- Créer
d'autres possibilités d'emploi pour les adultes est
également crucial si l'on veut atténuer les
pressions qui s'exercent sur les enfants pour qu'ils travaillent et
augmentent ainsi le revenu familial. S'ils s'accompagnent d'une aide
ciblée fournie par les donateurs, le
développement de la micro-entreprise et le
développement du secteur privé en
général peuvent contribuer à offrir
ces possibilités aux familles pauvres. De plus, des projets
visant à fournir des services de base, tels que
l'accès à l'eau potable, au bois de chauffage et
à des techniques d'exploitation agricole sur petite
échelle, peuvent apporter une grande contribution en
libérant les enfants des corvées
ménagères.
- Le
succès de ces activités de
développement dépend grandement de
stratégies qui mettent l'accent sur la participation
entière des femmes et qui visent essentiellement
à éliminer les obstacles bloquant
l'accès aux ressources et aux services. Dans la plupart des
pays en développement, la production alimentaire et
l'approvisionnement en eau et en bois de chauffage sont des
tâches dont s'occupent principalement les femmes. Elles
jouent un rôle important dans les soins de santé,
la nutrition et l'hygiène, aussi bien au sein de la famille
que dans la collectivité. Elles exercent une influence
déterminante sur la taille de la famille et
l'éducation des enfants. Ces dernières jouent
aussi un rôle primordial à titre d'entrepreneurs
dans le secteur informel de l'économie et sont souvent la
principale source de revenu, puisqu'elles dirigent un grand nombre de
ménages. Mais les femmes font face à des
contraintes bien particulières. Les valeurs sociales et les
systèmes juridiques jouent contre elles et leur bloquent
l'accès à des ressources et des services
clés comme la terre, le crédit,
l'éducation et la technologie. Les programmes visant
à promouvoir une participation plus active de la femme au
développement ont donc des implications
considérables pour les enfants, l'économie,
l'amélioration du bien-être familial et les normes
sociales.
A)
Les programmes actuels d'appui
aux enfants
Les programmes de l'ACDI d'appui aux enfants
sont axés sur les soins de santé de base,
l'éducation de base, l'immunisation,
l'alphabétisation des femmes, la nutrition et la production
alimentaire, la qualité de l'eau et l'hygiène.
Plus précisément, en
1994-1995 :
La Direction générale de
l'Asie a appuyé 72 projets dont ont profité les
enfants (20,1 % de ses décaissements). Les montants
affectés à des projets ayant des
répercussions directes sur les enfants ont appuyé
la santé de la mère et de l'enfant (57,2 %), les
carences en oligo-éléments (28,4 %),
l'immunisation (13,1 %) et l'éducation de base (1,3 %).
La Direction générale de
l'Afrique et du Moyen-Orient a appuyé 111 projets dont ont
profité les enfants (22,4 % de ses
décaissements). Les projets portaient sur l'aide alimentaire
d'urgence (nutrition) (34,6 %), la santé de la
mère et de l'enfant (28 %), l'éducation de base
(16,9 %), l'immunisation (8,2 %) et l'approvisionnement en eau et
l'hygiène (1,2 %).
La Direction générale des
Amériques a appuyé 50 projets dont ont
profité les enfants (21,5 % de ses
décaissements). Les projets ayant des
répercussions directes sur les enfants ont appuyé
l'aide alimentaire (nutrition) (38,8 %), la santé de la
mère et de l'enfant (29,1 %), l'approvisionnement en eau
(26,4 %) et l'éducation de base (5,7 %).
Depuis l'effondrement du communisme en Europe
centrale et de l'Est et en Union soviétique, la Direction
générale a appuyé des projets visant
à répondre aux besoins des mères et
des enfants de la région. L'aide canadienne a
apporté des médicaments et des fournitures
médicales; elle a appuyé des hôpitaux
et des orphelinats et fourni des produits de secours et des services
médicaux d'urgence.
La Direction générale du
partenariat canadien a consacré 14,9 % de ses
décaissements à des programmes et projets
appuyant les enfants, par l'entremise d'ONG, d'universités,
d'associations professionnelles, de groupes d'envoi de volontaires, de
syndicats et de coopératives du Canada.
La Direction générale des
programmes multilatéraux a consacré 55,1 % de ses
décaissements à des programmes touchant les
enfants. Ainsi :
Grâce
aux contributions au Programme alimentaire mondial, des projets ont
été lancés dans les domaines de
l'éducation, de l'eau et l'hygiène, ainsi que de
la nutrition.
Des agences des Nations Unies autres que
l'UNICEF (PNUD, FNUAP, UNIFEM) ont reçu 8,86 % de tous les
décaissements de la Direction
générale. D'autres institutions, telles que le
Commonwealth et la Francophonie, ont reçu 6,26 %. L'UNICEF a
reçu 2,27 % des dépenses de la Direction
générale.
L'aide humanitaire internationale, qui fournit
de l'aide d'urgence autre qu'alimentaire aux victimes de catastrophes
naturelles et humaines, a versé 105,71 millions de dollars
en financement de programmes. Les femmes et les enfants
représentent généralement 80 % des
personnes déplacées et des
réfugiés, principaux
bénéficiaires de l'aide humanitaire
internationale. Les décaissements ont donc
été inclus en entier. Par l'entremise de l'aide
humanitaire internationale, l'ACDI a appuyé les
activités suivantes :
- la réintégration des
enfants soldats démobilisés
(âgés de 8 à 17 ans) dans la
société du Sierra Leone, par des programmes de
counselling traumatologique, des soins médicaux, la
recherche et la réunion des enfants avec leur famille, et
l'amélioration des compétences professionnelles
et de l'éducation de base;
- un secours d'urgence et des soins de
santé aux bambins de moins de 2 ans dont la famille a
dû s'enfuir par suite de la guerre au sud du Liban, l'aide
étant fournie par l'entremise du YMCA et de
bénévoles oeuvrant au sein d'organisations
communautaires chrétiennes et islamiques locales;
- l'enregistrement de 88 000 enfants rwandais non
accompagnés, la réunification de 28 000 d'entre
eux avec leur famille, et des projets communautaires et familiaux
visant à aider les enfants à se remettre du
traumatisme psychologique de la violence;
- l'aide et la protection accordée
à environ 15 000 enfants burundais non
accompagnés, la recherche de leur famille élargie
et le placement de chaque enfant sous la protection d'au moins un
adulte de la famille;
- des services de santé,
l'éducation et la protection contre les abus pour quelque 10
000 enfants haïtiens, comprenant notamment des domestiques,
des enfants incarcérés ou vivant dans d'autres
établissements, et environ un millier d'enfants de la rue;
- du counselling traumatologique et des services
d'hébergement de base à l'intention de filles et
de femmes agressées sexuellement durant la san glante guerre
au Libéria, des prothèses à
l'intention d'enfants handicapés et une formation en
fabrication de prothèses;
- en Angola et au Rwanda, la
démobilisation et la réintégration
d'enfants et d'adolescents soldats (âgés de 8
à 15 ans) à la vie civile et aux groupes
familiaux (y compris des activités éducatives et
un soutien psychosocial).
Créer
d'autres possibilités d'emploi : Le manque de
possibilités d'emploi force souvent les familles
à compter sur le travail de leurs enfants. En Bolivie,
l'ACDI appuie l'organisme de bienfaisance Calmeadow, qui cherche
à créer des débouchés
professionnels dans le secteur de la micro-entreprise à
l'intention de la population économiquement active et la
plus démunie de la Bolivie. Ce programme reçoit 4
millions de dollars.
Participation entière de la
femme : Le manque d'accès au crédit
empêche souvent les femmes d'obtenir un revenu familial. Au
Zimbabwe, par exemple, l'ACDI appuie la Credit Guarantee Co. Ltd., en
vue d'accroître le nombre de Zimbabwéennes qui
demandent et obtiennent un prêt bancaire pour la
première fois. Ce programme reçoit 1,4 million de
dollars.
L'ACDI a récemment annoncé
la mise sur pied d'un fonds de $500,000 qui permettra de soutenir les
efforts des institutions indiennes pour protéger et
promouvoir les droits des enfants. Ce fonds aidera les organisations
indiennes à lutter contre le travail et l'exploitation
sexuelle des enfants, à accroître
l'accès des enfants à l'éducation
primaire, à sensibiliser le public à
l'égard des problèmes auxquels font face les
enfants, et à favoriser des alliances entre les
différents groupes préoccupés par le
bien-être des enfants.
B) Les orientations futures
L'ACDI croit que l'éducation publique
et les mesures punitives ne suffisent pas pour mettre fin au travail
des enfants. La solution doit faire appel à une
stratégie concertée qui répond aux
multiples besoins des pauvres, des enfants vulnérables et de
leur famille. Par le financement de base accordé
à des organismes comme l'UNICEF et l'OIT, l'ACDI appuie les
activités axées sur les enfants qui se trouvent
dans des situations particulièrement difficiles. L'ACDI
finance également de nombreux autres projets qui peuvent
être considérés comme des mesures
préventives liées au travail des
enfants.
- En s'attaquant au problème du revenu
familial et de la lutte contre la pauvreté,
les enfants n'ont plus besoin de travailler pour assurer un revenu
à leur famille. Au Bangladesh, l'ACDI appuie, par
l'entremise d'un soutien financier accordé à la
Fondation Agha Khan, des projets d'éducation primaire et de
création de revenu à l'intention des femmes dans
l'économie informelle. Grâce à ces
projets, les enfants n'auront peut-être plus besoin de
travailler à l'extérieur de la maison. L'ACDI a
accordé 10,2 millions de dollars.
- Les programmes d'éducation
primaire/de base peuvent aussi agir à titre
préventif. Permettre aux enfants d'aller à
l'école réduit la probabilité qu'ils
ne soient exploités économiquement. Le projet
d'éducation des fillettes en Afrique peut être
considéré comme un programme
préventif.
- Sensibiliser les gens
à la Convention des Nations Unies relative aux droits d e
l'enfant et
à d'autres dispositions légales et
constitutionnelles propres à chaque pays en ce qui concerne
les droits de l'enfant constitue une autre mesure
préventive. Aux Philippines, l'ACDI a appuyé un
projet du Fonds canadien visant à sensibiliser les enfants
de la rue et leur famille aux droits de l'enfant. Le financement
accordé s'établissait à 14 462 $.
- L'ACDI joue un rôle de défense
des politiques en finançant des projets qui visent
à élaborer des politiques et des
stratégies axées sur le problème du
travail des enfants. Le gouvernement et les ONG y participent. Par
exemple, l'ACDI aide la Commission nationale des droits de la personne
en Inde (CNDPI) à développer des programmes de
formation et d'éducation sur les droits de la personne dans
les écoles, à combattre l'exploitation des
enfants par le travail, et à accroître la
fréquentation des écoles primaires,
particulièrement par les jeunes filles. L'ACDI versera $1.6
million en appui à ce projet qui permettra à la
CNDPI de resserer ses liens avec la Commission canadienne des droits de
la personne, et de promouvoir le dialogue avec les organisations
gouvernementales et non-gouvernementales, et les institutions
académiques oeuvrant dans le domaine des droits de la
personne au Canada et en Inde.
- Grâce à une sensibilisation
publique accrue face aux problèmes concernant le
travail des enfants, nous utilisons un autre mécanisme
important de prévention et d'élimination
graduelle du travail des enfants. L'ACDI a financé en Inde
des projets visant à sensibiliser la population, la police,
l'appareil judiciaire et les groupes d'action sociale, grâce
à des ateliers et des séminaires sur les
questions touchant aux droits de l'enfant et au travail des enfants,
ainsi qu'à énoncer des politiques et des
stratégies pour éradiquer l'exploitation et les
violations des droits des enfants qui travaillent.
- Le
plus récent rapport de l'Organisation internationale du
travail (OIT) intitulé Le travail des enfants:
L'intolérable en point de mire (octobre 1996)
affirme que 250 millions d'enfants qui ont entre 5 et 14 ans
travaillent dans les pays en développement, soit
près du double des estimations avancées
précédemment. De ce total, quelque 120 millions
travaillent à temps plein et 130 millions à temps
partiel. De tous l es enfants qui travaillent, 61% se trouvent en Asie,
32% en Afrique et 7% en Amérique latine. Des estimations
précédentes, provenant d'information
limitée sur une centaine de pays, signalaient que 73
millions d'enfants de 10 à 14 ans travaillaient en 1995, ce
qui signifie que 13,2 % de tous les enfants de 10 à 14 ans
étaient économiquement actifs. Parce qu'il existe
peu de statistiques sur le travail des enfants de moins de 10 ans ou
sur ceux qui travaillent dans le secteur informel, il était
donc estimé qu'entre 100 et 200 millions d'enfants de moins
de 15 ans travaillaient dans les pays en développement.
- Les
statistiques sur la fréquentation scolaire donnent aussi une
bonne indication du travail des enfants. Selon l'UNESCO, 23 % des
enfants en âge d'aller à l'école
primaire (140 millions) n'y vont pas. Au niveau secondaire, le
pourcentage est de 50 %.
- La
très grande partie du travail effectué par les
enfants est qualifiée par l'OIT d'aide familiale non
rémunérée (en moyenne 80 % du travail
des enfants).
- L'attention
mondiale est tournée vers le travail des enfants dans les
industries d'exportation; or, moins de 5 % des enfants qui travaillent
oeuvrent dans ces industries.
- Des
études menées par l'OIT dans divers pays montrent
que les trois quarts des enfants de 5 à 14 ans travaillent
dans un cadre familial et que de 30 à 50 % d'entre eux ont
abandonné l'école.
- La
plus grande partie du travail effectué par les enfants dans
les pays en développement est un travail rural non
rémunéré. Même dans un cadre
familial, les enfants peuvent parfois être grandement
exploités. Cette exploitation peut prendre plusieurs formes
: charge de travail excessive, tâches exigeantes
physiquement, longues heures, exposition à des dangers et
impossibilité d'aller à l'école.
- Dans
les régions urbaines, la plupart des enfants travaillent
dans le secteur non structuré, dans des entreprises
familiales et de petites boutiques qui échappent aux
statistiques et à la réglementation. Le travail
dans ce secteur peut donc ressembler fortement à
l'économie rurale de subsistance. Par ailleurs, les enfants
peuvent aussi travailler dans une économie plus ouverte et
structurée, comme c'est le cas dans les nombreuses
entreprises qui comptent sur des réseaux de petits
sous-traitants et, de temps à autres, des ateliers
familiaux, pour servir les marchés nationaux, nationaux et
même internationaux.
- Des
millions d'enfants, en particulier des filles, travaillent aussi comme
domestiques, mais il n'existe pas de statistiques à leur
sujet, surtout parce que les estimations officielles ne
considèrent pas qu'il s'agit d'un "travail". De nombreux
enfants travaillent aussi dans des conditions d'asservissement ou sont
engagés dans des activités marginales et
illégales, les plus difficiles à
dénombrer et à réglementer. Ces
activités comprennent le trafic de la drogue, la
pornographie, la prostitution et les nombreuses activités
des enfants de la rue.
- Des
enfants travaillent aussi dans le secteur formel, notamment les
secteurs de la transformation axés sur l'exportation,
où l'application des règlements nationaux est
parfois plus laxiste. Les enfants oeuvrent surtout dans les secteurs du
textile, du vêtement, de la chaussure et du tapis.
L'incidence du travail des enfants est probablement plus grande dans
les activités agricoles que dans les industries
manufacturières. Mais il y a des preuves assez manifestes
d'exploitation économique des enfants dans quelques
industries exportatrices de certains pays.
Les estimations récentes de l'OIT
révèlent que 61% des enfants qui travaillent dans
le monde se trouveraient en Asie. En Inde seulement, malgré
la loi adoptée en 1986 pour interdire l'embauche d'enfants
de moins de 14 ans dans des emplois dangereux (feux d'artifice, usines
d'allumettes, etc.), il est estimé que, en moyenne, un
enfant âgé de 5 à 15 ans sur quatre est
économiquement actif. Certains experts qui
s'intéressent aux tendances du travail des enfants en Asie
du sud-est croient que la proportion d'enfants qui travaillent s' est
stabilisée et diminue même dans certains pays,
parce que certains facteurs ne sont plus favorables, notamment un
revenu par habitant plus élevé et une
éducation de base plus
généralisée. Mais ailleurs en Asie, le
gouvernement indien et des estimations non officielles indiquent que de
17,5 à 44 millions d'enfants exercent une
activité économique. Le bureau de la statistique
sur le travail du Bangladesh évalue à environ 3
millions le nombre d'enfants qui travaillent. Des observateurs
informés pensent que les chiffres sont beaucoup plus
élevés en réalité. Au
Pakistan, les estimations non officielles laissent croire que 8
millions d'enfants de 10 à 14 ans représentent 20
% de la population active. Tout comme dans d'autres régions
en développement, les taux de participation des enfants
à l'activité économique sont beaucoup
plus élevés dans les régions rurales
que dans les régions urbaines. Une enquête
statistique expérimentale menée par l'OIT en Inde
révèle que les enfants ont environ deux fois plus
tendance à exercer une activité
économique dans les régions rurales que dans les
régions urbaines. Les chiffres disponibles pour d'autres
pays confirment l'intensité plus
élevée du travail des enfants dans les
régions rurales. La même enquête indique
que les garçons sont plus nombreux à travailler
que les filles - trois garçons contre deux filles en moyenne
dans les pays étudiés, dont l'Inde. Les
enquêtes statistiques sous-estiment souvent le nombre de
filles qui travaillent, car elles ne tiennent habituellement pas compte
des tâches domestiques effectuées par les filles.
Éducation
Même s'il a été
démontré que l'éducation est un moyen
efficace de lutter contre l'exploitation des enfants, les efforts
déployés pour apporter des changements positifs
ont échoué en grande partie, parce que les
systèmes scolaires et les ressources financières
ne sont pas à la hauteur des besoins. D'après
l'UNICEF, en Asie du sud près de 35% des enfants en
âge d'aller à l'école primaire n'y vont
pas.
Les organismes internationaux et leur
lutte contre le travail des enfants
L'Organisation internationale du
travail (OIT)
La doctrine de l'OIT sur le travail des enfants
est claire : il faudrait l'abolir. Les normes internationales du
travail témoignent de cette conviction, mais leur
application doit être renforcée. La convention 138
porte sur l'âge minimum; elle fixe cet âge minimum
à celui de la fin des études obligatoires et,
dans certains cas à 15 ans. La Convention 138 s'applique
à tous les secteurs d'emploi et oblige les membres qui la
ratifient à poursuivre une politique nationale visant
à éliminer le travail des enfants. À
ce jour, seulement 49 des 173 pays membres de l'OIT l'ont
ratifiée. De ce nombre, seuls 21 pays en
développement ont ratifié la Convention 138 dont
aucun en Asie, alors que l'on y retrouve 61% des enfants qui
travaillent. Le Canada n'a pas encore signé cette
convention, qu'il considère trop radicale (certaines lois
provinciales permettent de travailler avant d'avoir 15 ans).
Les
organismes internationaux, en particulier l'OIT et l'UNICEF, ont
élaboré des programmes visant
expressément à réduire le travail des
enfants. Comme nous l'avons déjà
indiqué, l'OIT fournit une assistance technique pour aider
les pays en développement à élaborer
des politiques sur le travail des enfants et parraine des programmes de
développement visant à combattre le travail des
enfants. Elle met en oeuvre actuellement le plus important programme
international du genre, le Programme international pour
l'élimination du travail des enfants (IPEC). Cette offensive
globale contre le travail des enfants a été
lancée en 1991, avec l'aide de donateurs et est mise en
oeuvre actuellement dans une douzaine de pays. La Canada y a
contribué 700 000 $. L'IPEC est un programme souple et
novateur qui accorde un rôle important aux ONG dans
l'exécution des projets. Étant donné
qu'un vaste soutien social est essentiel pour appliquer des mesures
visant à empêcher le travail des enfants, des
aspects clés de la mise en oeuvre des stratégies
de l'OIT et de l'IPEC consistent à sensibiliser les
gouvernements et à rechercher leur participation et leur
engagement afin de régler ce problème en
collaboration avec une foule de groupes publics et privés.
Certains éléments du Programme portent donc sur
la formation au sein du gouvernement et d'organismes privés,
le renforcement des capacités nationales permettant
d'affronter le problème du travail des enfants et la
participation des syndicats et des organismes patronaux. Pour
éliminer graduellement le travail des enfants, l'IPEC
insiste tout particulièrement sur la protection des enfants
contre les pires formes d'exploitation en ciblant les groupes
vulnérables tels que les enfants qui travaillent dans des
conditions d'asservissement; les enfants qui occupent des emplois
dangereux et qui travaillent dans des conditions inacceptables: les
enfants de moins de 12 ans; et les filles qui travaillent. L'objectif
consiste à sortir ces enfants du milieu de travail et
à les envoyer à l'école, à
trouver des solutions pour améliorer les conditions de
travail durant la période de transition qui
mènera finalement à l'élimination du
travail des enfants.
L'UNICEF
Les programmes de l'UNICEF sont
guidés par l'esprit de la Convention des Nations Unies
relative aux droits de l'enfant et par son énoncé
de mission : l'UNICEF "oeuvre pour que les droits de l'enfant
s'inscrivent dans une éthique sociale et dans un code de
conduite international en faveur des enfants".
L'UNICEF s'attaque au problème du
travail des enfants dans le cadre de son programme relatif aux enfants
nécessitant des mesures de protection spéciales.
Mais ce programme ne porte que sur une partie du problème.
Il inclut les enfants dans des situations d'hostilités et
d'autres catastrophes (la mission originale de l'UNICEF), les enfants
victimes d'abus ou de négligence graves. L'UNICEF a
établi un certain nombre de priorités
stratégiques pour lutter contre le travail des enfants; pour
éliminer les pires formes d'exploitation des enfants; pour
améliorer les conditions de travail des enfants; pour
fournir un enseignement primaire universel; pour mieux utiliser les
mécanismes juridiques existants afin de combattre le travail
des enfants; pour encourager la coopération entre le
gouvernement, l'industrie, les syndicats et les ONG; et pour
améliorer les programmes d'assistance aux pays en
développement.
Le Canada est membre de l'UNICEF depuis 1946 et
a été membre du conseil de direction de l'UNICEF
presque sans interruption depuis cette date. L'ACDI collabore avec
l'UNICEF et contribue à ses programmes par divers moyens. En
1994-1995, l'ACDI a contribué à l'UNICEF comme
suit :
17,4 millions de dollars au budget principal de
l'UNICEF en 1994-1995 - le Canada arrive ainsi au dixième
rang parmi les donateurs;
14,7 millions de dollars aux
opérations de secours d'urgence;
32 millions de dollars à des projets
bilatéraux précis;
1,9
million de dollars à des activités en Europe
centrale et de l'Est.
La Commission des droits de l'homme
des Nations Unies
La Commission des droits de l'homme des Nations
Unies a adopté en 1993 un programme d'action pour
l'élimination de l'exploitation du travail des enfants. Les
activités prévues par ce programme en sont
à leurs débuts. Jusqu'ici, il a surtout permis
d'obtenir auprès des gouvernements de certains pays de
l'information sur la situation nationale du travail des enfants. Le
travail des enfants a aussi retenu l'attention des experts de la
Sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de
la protection des minorités, un organisme subalterne de la
Commission des droits de l'homme, ainsi que du Groupe de travail des
formes contemporaines d'esclavage de la Sous-commission. Enfin, la
Commission des droits de l'homme des Nations Unies a
créé un poste de rapporteur spécial
chargé d'examiner les questions relatives à la
traite des enfants, la prostitution et la pornographie chez les
enfants. Le rapporteur spécial soumet son rapport tous les
ans à la Commission.
Le
problème du travail des enfants frappe le monde entier, les
pays industrialisés comme ceux en développement,
et à des degrés divers
d’intensité. Selon les chiffres de
l’OIT, plus de 250 millions d’enfants travaillent
dans le monde, dont environ 120 millions à temps plein. Il
est également estimé que près
d’un tiers d’entre eux travaillent dans des
conditions dangereuses.
Le
travail des enfants est plus ou moins répandu selon les
régions et les pays. Si les pays industrialisés
ne sont pas totalement exempts de ce fléau, c’est
toutefois l’Asie et l’Afrique qui comptent le plus
grand nombre de jeunes travailleurs, ce qui s’explique par
l’augmentation de la pauvreté et le recul de la
croissance économique. Dans les pays en
développement, le travail des enfants touche surtout le
secteur de l’agriculture et les secteurs informels.
Le
travail des enfants constitue un problème complexe qui ne
relève pas d’une simple question de
législation ni ne se règle par un renforcement
des lois en la matière. Trouver une solution durable
à ce fléau pour l’éradiquer
totalement signifie en réalité
s’attaquer aux véritables causes de ce
problème qui sont socio-économiques et
spécifiques à chaque
société. Le travail des enfants
résulte de la pauvreté, de la surpopulation,
d’un manque d'infrastructures pédagogiques
appropriées, de faussés économiques
entre les zones rurales et urbaines et
d’inégalités salariales. Il est
nécessaire de mettre au point des solutions globales afin
d’éviter que les mesures prises
n’empirent pas au contraire le problème, comme on
l’a parfois vu dans certains pays où, à
la suite de l’entrée en vigueur, sous la pression
de la communauté internationale, d’une loi
interdisant le travail des enfants, de jeunes travailleurs se sont
retrouvés astreints des travaux bien plus dangereux.
Aujourd’hui,
les gouvernements et les secteurs privés des pays en
développement sont fortement sensibilisés
à ce problème. Tout le monde s’accorde
désormais à dire que ce fléau aux
multiples facettes ne pourra se traiter que par une approche globale.
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Voici
des articles sur le travail des enfants au Pakistan:
Les
ballons du Pakistan
80% des ballons de foot cousus à la main, vendus dans le
monde, pour un marché de 1
milliard de dollars, sont produits au Pakistan, dans le district de
Sialkot, avec la
main-d'oeuvre de 7.000 enfants. Derrière ce scandale, les
noms d'entreprises
multinationales dont la responsabilité était
dissimulée par le système des sous-traitants.
Jusqu'à ce que l'affaire éclate, en 1996.
Que
savez-vous du travail des enfants?
De plus en plus de personnes s'inquiètent du sort des
enfants qui travaillent, mais beaucoup ne savent
pas vraiment où ces enfants travaillent, ce qu'ils font et
comment résoudre le problème. Que savez-vous
du travail des enfants? Faites ce test! Vous pourriez avoir des
surprises.
Question 1:
Où sont employés la plupart des enfants qui
travaillent?
A. Dans des ateliers-bagnes qui produisent des articles bon
marché pour l`exportation dans les pays riches.
B. Près de chez eux, à livrer des journaux.
C. Dans les rues comme vendeurs,à la campagne comme
travailleurs agricoles et à la maison, où ils
s`acquittent des corvées ménagères.
Réponses
à la question 1:
Réponse A:
C`est dans les usines fabriquant des articles pour l`exportation que le
travail des enfants est le plus visible. Par exemple, vous
pouvez trouver des ballons de football fabriqués
par des enfants au Pakistan pour être utilisés par
des enfants dans les pays riches. Mais, en fait, seule une
très faible minorité de petits travailleurs
fabriquent des biens pour l`exportation - probablement moins
de 5%.
Réponse B:
Rares sont les habitants des pays riches qui diraient qu`on
profite d`un enfant ou qu`on l`exploite quand il
livre des journaux dans le voisinage pendant une
heure ou deux avant d`aller l`école. Souvent cet emploi est
encouragé comme une chance pour l`enfant
d`acquérir une expérience dans le "monde
réel" du travail et du commerce.
Réponse C:
La plupart des enfants travaillent en fait dans ce que l`on appelle le
secteur informel - ils vendent quelque chose dans la rue,
travaillent dans les champs ou font les corvées
ménagères derrière les murs des
maisons. Ils sont hors d`atteinte des inspecteurs du travail
et n`attirent guère l`attention des journalistes
de la presse et de la
télévision. Nous ne devons pas oublier
les dizaines de millions d`enfants du monde entier qui travaillent, non
dans
des usines fabriquant des produits d'exportation, mais dans la rue,
à la ferme ou à la maison. Ils doivent affronter
beaucoup de risques et de dangers; souvent on en profite, on les
maltraite ou on les exploite.
Question 2: Comment
peut-on réduire le travail des enfants?
A. La seule manière de progresser dans la lutte contre le
travail des enfants est que les consommateurs et
les gouvernements exercent des pressions au moyen de sanctions
et de boycotts, c`est-à-dire en refusant d`acheter ou en
cessant d`importer les articles fabriqués grâce au
travail des enfants.
B. Il faut trouver un moyen pour que les personnes dans une
communauté se réunissent et proposent
des solutions et des options, notamment en donnant aux
enfants la possibilité d'avoir une éducation de
base.
C. On ne peut pas faire grand-chose pour arrêter le travail
des enfants.
Réponses à la
question 2:
Réponse A:
La volonté des pays et des gouvernements et les pressions
qu`ils peuvent exercer sont importantes.
Mais les boycotts et autres mesures
indifférenciées ne peuvent toucher que les
entreprises qui exportent des biens.
Ces entreprises sont des exploiteurs relativement modestes du travail
des enfants. Ces mesures peuvent
également toucher involontairement trop de personnes, et
parfois nuire aux enfants concernés au lieu de les aider.
Par
exemple, le projet de loi Harkin,
présenté au Congrès des Etats-Unis il
y a deux ans, voulait interdire
l`importation aux Etats-Unis de biens fabriqués par des
enfants de moins de15 ans. La simple menace de cette loi a fait
souffler un vent de panique sur l'industrie du
vêtement au Bangladesh, incitant les patrons à
renvoyer
brutalement les enfants travailleurs,
dont de nombreuses filles. Certains de ces enfants ont
été retrouvés plus tard
exerçant des activités encore plus dangereuses, y
compris la prostitution.
Réponse B:
L`UNICEF
encourage les individus à prendre leurs propres
initiatives pour découvrir des possibilités et
trouver
des
solutions de rechange, et en particulier pour donner aux
enfants libérés du travail une chance de suivre
un
bon enseignement primaire. Par exemple, aux Philippines, l`UNICEF aide
des équipes d`inspecteurs de
l`administration,
de travailleurs sociaux, de policiers, d`organisations non
gouvernementales, de procureurs et de médias
à enquêter régulièrement sur
les conditions de travail des enfants et à retirer
ceux qui sont en danger.
Réponse C:
Si, on peut faire beaucoup.L`UNICEF recommande cinq actions
clés dans une stratégie globale contre
le travail dangereux des enfants: promouvoir et améliorer
l`éducation; partant des lois nationales et
internationales qui interdisent le travail des enfants,
améliorer le respect de ces lois; donner aux pauvres plus
de possibilités de se faire entendre concernant
leur propre existence; mobiliser la société; et
faire campagne pour que les entreprises se responsabilisent
davantage quant à leurs actions et à celles de
leurs sous-traitants. Ainsi, au Bangladesh où
l'enseignement primaire est une priorité
élevée, un programme
d'éducation non formelle pour 1,4
million d`enfants urbains pauvres a été
élaboré fin 1995 conjointement par les secteurs
public et privé.
Question: 3. Dans quels pays le travail des enfants
constitue-t-il un problème?
A. C'est un problème seulement dans les pays pauvres, en
développement.
B. C`est un problème aussi bien dans les pays riches,
industrialisés, que dans les pays pauvres, en
développement.
C. C`est un problème dans les pays industrialisés
seulement.
Réponses
à la Question 3:
Réponse A:
En fait, les enfants travaillent de façon
habituelle dans tous les pays industrialisés et on trouve un
peu
partout des formes dangereuses de travail des enfants. Aux Etats-Unis,
par exemple, l`agriculture emploie des enfants dont une forte
proportion viennent des familles immigrantes ou d'une
minorité ethnique. En 1990, une enquête
sur les enfants américano-mexicains employés dans
les fermes de l'Etat de New York a
révélé que près de la
moitié avaient travaillé dans des champs encore
humides de pesticides et plus d'un tiers avaient
même été touchés par des
pulvérisations.
Réponse B:
Il est vrai que la grande majorité des enfants qui
travaillent se trouvent dans les pays en développement. Mais
les enfants travaillent régulièrement
dans tous les pays. Dans tous les pays, riches ou pauvres, ce
n`est pas le fait de travailler, mais la nature des
activités imposées aux enfants qui
détermine si le travail leur est nuisible ou non.
Réponse C:
Bien que la majorité des enfants travailleurs se trouve dans
les pays en développement, le pourcentage dans les
pays industrialisés peut être
étonnamment élevé, toutes
formesd'activités confondues. Au
Royaume-Uni, par exemple, il y aurait selon les estimations les plus
fiablesque de 15 à 26% des enfants âgés
de 11 ans et de 36 à 66% des enfants
âgés de 15 ans au travail. Dans les pays
industrialisés, la plupart de ces
jeunes travailleurs fréquentent aussi
l'école. Mais il est faux de dire que dans les pays
occidentaux, les enfants
ne travaillent que pour gagner de l'argent de poche.
Question: 4. Quel est
le lien entre travail des enfants et pauvreté?
A. On ne pourra jamais en finir avec le travail des enfants
tant qu`il y aura encore des pauvres.
B. Il n'y a pas de lien entre le travail des enfants et la
pauvreté.
C. Il est possible d`éliminer le travail des
enfants indépendamment de la réduction
de la pauvreté.
Réponses
à la Question 4:
Réponse A:
On nous dit que nous devons tolérer ce qui est
intolérable jusqu'à ce que la
pauvreté ait disparu de la planète.
C'est très commode pour tous ceux qui profitent de la
situation actuelle. Mais c'est faux. Il est indéniable
que lorsqu'un enfant accomplit un travail dangereux,
quelqu'un - un employeur, un client ou un parent - profite de ce
travail. C`est cette exploitation qui est
négligée par ceux qui considèrent le
travail des enfants comme inséparable de la
pauvreté.
Réponse B:
Il est clair que le travail des enfants et la
pauvreté sont liés, du fait que la
grande majorité des enfants qui travaillent sont issus des
groupes les plus pauvres et les plus défavorisés
de la société. En fait, le travail des
enfants peut perpétuer la pauvreté,
puisqu'un enfant qui travaille devient un adulte pris au
piège d`emplois non qualifiés
et mal payés.
Réponse C:
L`UNICEF estime que le travail dangereux des enfants peut et doit
être éliminé indépendamment
de la réduction de la pauvreté. Les
choses changent déjà. Au plus haut niveau, les
gouvernements ont commencé à agir,
comprenant qu'ils devaient tenir
la promesse souscrite en ratifiant la Convention relative aux
droits de l'enfant. Au niveau local, des militants et des
organisations non gouvernementales étudient des
manières créatives
de retirer les enfants des emplois dangereux et de leur
ouvrir d'autres possibilités.
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Les
ballons du Pakistan.
Trois
chiffres: 80% des ballons de foot cousus à la main, vendus
dans le monde, pour un marché de 1 milliard de dollars, sont
produits au Pakistan, dans le district de Sialkot, avec la
main-d'éuvre de 7.000 enfants. Derrière ce
scandale, les noms des entreprises multinationales, les Nike, Adidas et
cie, dont la responsabilité était
dissimulée par le système des sous-traitants.
Jusqu'à ce que l'affaire éclate, en 1996 (1).
La
Confédération internationale des syndicats libres
(CISL) interpelle la Fédération internationale de
football (FIFA). Le 3 septembre, la FIFA s'engage face aux syndicats,
de ne plus autoriser l'usage de son logo sur les ballons quand les
conditions de fabrication violent des principes fondamentaux du droit
du travail: interdiction de l'exploitation d'enfants,
liberté syndicale. Le 14 février dernier, accord
entre le BIT, la Fédération mondiale de
l'industrie d'articles de sport, le Soccer Industry Council of America
et les fournisseurs locaux pakistanais. Les patrons s'engagent
à développer un programme destiné
à éliminer le travail d'enfants de moins de
quatorze ans dans la région de Sialkot. Pour cela, ils
procéderaient "à l'enregistrement officiel des
sous-traitants, des ateliers et des travailleurs (en
vérifiant leur âge)", indique le BIT.
Les
fabricants coopéreraient avec le BIT "pour garantir que les
enfants soustraits au travail aient une aide à la
réadaptation, une instruction et une aide en nature". Ils
seraient remplacés par des adultes. Un système de
surveillance interne aux entreprises et un organisme
indépendant vérifieraient l'application. Et
supervisée par un comité réunissant le
BIT, l'UNICEF et une organisation non gouvernementale britannique, Save
the Children. Enfin, les parties prenantes financeraient le programme,
d'un coût de un milliard de dollars.
Tim
Noonan, de la CISL chargé de l'éducation, est
lucide: "Nous suivrons l'opération de près. Mais
les syndicats sont peu présents dans la région de
Sialkot. Or, nous avons constaté que là
où il y a des syndicats indépendants, il y a
moins de travail d'enfants. L'industrie des articles de sport pose
partout des problèmes de violations des droits fondamentaux
(Chine, Vietnam, Indonésie, Amérique centrale,
Maroc, etc.). Elle prend plus au sérieux la question, mais
elle adopte le plus souvent une approche publicitaire. Nous faisons
pression sur les multinationales pour qu'elles n'entravent plus
l'activité syndicale. Le problème, c'est que ces
entreprises peuvent déplacer leur production. Les
délocalisations ne sont plus seulement
européennes, elles se sont déplacées
à l'intérieur même des pays en voie de
développement."
"Sans
régulation sociale du commerce international, note Tim
Noonan, cette compétition vers le bas restera.
L'Organisation mondiale du commerce (ex-GATT) doit travailler avec le
BIT pour assurer que les droits fondamentaux sont respectés.
La dette extérieure des pays pauvres, qui n'ont pas les
moyens de développer l'infrastructure sociale,
l'éducation est aussi très importante. Aussi, la
communauté internationale doit-elle agir pour changer la
politique des institutions de Bretton Woods, FMI, Banque mondiale."
Sans dédouaner la responsabilité des
gouvernements des pays concernés qui attirent les
investisseurs en créant des zones franches, sans
législation sociale, ou consacrent plus d'argent au budget
militaire qu'à celui de l'éducation.
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Lieu:
Pakistan
Sujet: Manifestation d'enfants
contre leur exploitation
Date: 10/03/98
Sources: Agences
Quelques
centaines d’enfants qui travaillent dans les usines de tapis
et de ballons, ont manifesté à Maltan contre la
non-application des lois de tutelle du travail des mineurs. Il y aurait
plus de trois millions d’enfants qui travaillent dans le
pays.
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Février
1997 : accord entre les autorités pakistanaises, le Bureau
international du travail et l’Unicef, soutenu par une
cinquantaine de marques américaines, visant à
éliminer l’emploi d’enfants dans la
fabrication de ballons de football cousus main, au Pakistan (75 % de la
production mondiale, 7000 enfants concernés) et à
améliorer leurs conditions de vie.
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IQBAL
MASIH n'était encore qu'un tout petit enfant
pakistanais lorsque ses parents l'ont vendu pour éponger la
dette familiale, contractée lors du mariage de son
frère. A quatre ans, Iqbal rejoint une de ces fabriques de
tapis qui exploitent déjà huit millions de
gosses. A dix ans l'enfant esclave a déjà une
tête de vieillard et les mains ravagées d'avoir
noué douze heures par jour et pendant 6 ans de
précieux tapis revendus à prix d'or en Occident.
Un jour de 1993, son calvaire prend fin grâce à
Eshan Khan, président de la ligue contre le travail des
enfants (BLLF). Son libérateur l'arrache
de son métier à tisser pour lui redonner le
goût de vivre et la rage de se battre. Iqbal devient alors le
symbole de cette jeunesse martyrisée. Il parcourt son pays
et le reste du monde afin d'alerter l'opinion internationale. En
janvier 1995, il participe à une Convention contre
l'esclavage des enfants à Lahore. Il se rend en
Suède et aux États Unis, où il
reçoit un prix de la firme américaine Reebok (voir
photo). Son périple prend fin le 16 avril 1995. Il
meurt assassiné sur son vélo, le corps
criblé de plomb gisant sur la lande de Chapa Kana Mill,
près de Lahore (Pakistan). Il avait
reçu des menaces de la "mafia de l'industrie du tapis" comme
l'affirmait Eshan Kahn. La police pakistanaise écrira dans
son rapport : "l'assassinat résulte d'une dispute entre un
paysan et Iqbal". Histoire sordide d'un porte-parole qui devenait
gênant. Les pistes de ce meurtre sont brouillées
alors que la Commission des droits de l'homme du Pakistan a "adopté"
la version de la police. Permettra-t-on que le combat d'Iqbal est
été vain ?
Iqbal
Masih a obtenu le premier Prix des Enfants du Monde pour les Droits de
l’Enfant.
Iqbal
Masih était esclave pour dettes et l’un des 250
millions d’enfants travailleurs. Aujourd’hui, il
est, dans le monde entier, le symbole du combat contre le travail
enfantin dangereux. En 2000, le Prix des Enfants du Monde a
été décerné pour la
première fois. Iqbal a reçu ce prix à
titre posthume (après sa mort) et celui-ci portera pour
toujours un autre nom, Le Prix Iqbal Masih, à la
mémoire d’Iqbal.
Un
college à été ouvert a son nom en
France:
Collège Iqbal Masih
6,
rue Jeumont
93200 Saint-Denis
01 49 46 29 50
diffusé sur le site de Jean-Charles Champagnat : www.droitsenfant.com"
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Liens:
http://www.ichrdd.ca/francais/commdoc/publications/asie/ddPakistan/pakistanDDFrancaisTable.html