Techniques
d'architecture
Matériaux
Le
choix d'un matériau dépend de beaucoup de
facteurs : la région où
l'édifice est construit, l'accessibilité du
matériau, son coût, sa destination... Il existe
cinq types de matériaux utilisés dans la
construction en Islam, sans compter le bois que l'on retrouve partout,
et notamment dans les charpentes.
- le pisé
(tabya) : Il s'agit d'un mélange de
terre, de chaux et de chamotte
(argile cuite pilée) ou de petits cailloux.
Pressé entre deux planches de bois (encaissement), ce
matériau est utilisé principalement pour les
habitations.
- la brique crue (tawb) :
Elle a l'avantage d'être facile à trouver et
à utiliser, et peu coûteuse. Son grand
défaut réside dans sa très mauvaise
conservation : l'eau lui est fatale.
- la brique cuite
(adjurr) : Très utilisée
depuis l'Irak jusqu'à l'Inde, elle fut également
le matériau de prédilection en Egypte jusqu'aux
XIIe-XIIIe
siècles. Elle est usitée pour tous types de
monuments, des plus simples aux plus importants (mosquées,
madrasas, tombeaux...). Peu chère, elle se conserve bien.
- le moellon :
Il se constitue de pierres mal aguerries qui tiennent grâce
à un mortier de chaux et de sable, auquel ont parfois
été ajoutés du charbon et de la
chamotte.
- la pierre :
Elle est en usage depuis l'Espagne jusqu'à l'Irak. La nature
des pierres utilisées varie selon les régions. En
général, les marbres sont utilisés
pour leurs propriétés décoratives
(couleurs).
Éléments
architecturaux
Les
arcs sont un élément majeur dans l'architecture
islamique tout comme dans l'architecture occidentale. Certains sont
courants en orient comme en occident : arc en plein cintre,
arc brisé, mais d'autres sont plus spécifiques au
monde islamique, comme l'arc persan, au profil
caréné, l'arc polylobé, l'arc
à lambrequins ou encore l'arc outrepassé (souvent
dit "en fer à cheval"), tous trois très
employés en Espagne et au Maghrib.
Les
architectes islamiques utilisent deux types de supports : les
piliers et les colonnes.
-
- La colonne est un support
cylindrique. Dans les premiers siècles de l'Islam, les
colonnes utilisées proviennent souvent de remplois de
bâtiments antiques, mais au bout d'un certains temps, les
matériaux antiques se faisant rares, les ouvriers islamiques
apprirent à en tailler eux-même.
- Un pilier est un
élément maçonné, le plus
souvent carré, rectangulaire ou cruciforme.
Une
coupole est un mode de couvrement hémisphérique,
qui repose sur une zone de transition octogonale (le plus souvent)
elle-même posée sur quatre piliers. La zone de
transition est le grand problème des architectes islamiques.
Il peuvent se servir de pendentifs, c'est à dire de
triangles convexes posés sur la pointe, comme dans le monde
byzantin, ou de trompes, à savoir des petites niches, ce qui
proviendrait du monde iranien.
Les nervures et les muqarnas qui remplissent souvent les coupoles dans
le monde islamique n'ont en générale pas de
véritable fonction architectonique.
On appelle dôme l'extérieur d'une coupole. A
partir du XVe
siècle, les coupoles sont très souvent doubles,
c'est à dire qu'il existe un espace plus ou moins important
entre la coque interne et la coque externe. Ce processus permet de
réaliser des monuments plus hauts.
Les
iwans sont nés dans le monde iraniens bien avant
l'arrivée de l'Islam, sans doute sous la dynastie sassanide.
Il s'agit d' un hall voûté avec une
façade rectangulaire ouverte par un grand arc.
- Un pishtak
est également un élément provenant
d'Iran. Il s'agit d'un portail en forme d'arc qui fait saillie sur la
façade où il se trouve. En
général, il est cantonné de deux
minarets, mais ce n'est pas systématique.
Éléments
décoratifs
Il
existe mille et une manières de décorer un
bâtiment en terres d'Islam. La céramique, la
sculpture, la peinture, la mosaïque sont quelques unes des
techniques les pus couramment utilisées. Certains
éléments architecturaux ont également
une vocation ornementale.
Contrairement à une idée très
répandue, le décor architectural, comme l'art
islamique en général, est souvent figuratif. Une
exception importante, cependant, concerne les édifices
à vocation religieuse, qui ne peuvent
théoriquement comporter de représentations
humaines ni animales.
Éléments
architecturaux à vocation décorative
Évidemment,
le décor d'un bâtiment passe tout d'abord par les
composants de son architecuture. Matérieux, arcs, supports,
coupoles sont autant de médiums de
décor : ce n'est pas pour rien que la Grande
mosquée de Cordoue comporte des colonnes de marbre bleu et
blanc, des arcs à claveaux de couleurs alternées
parfois polylobés, et des moulures dans ses
coupoles ! Dans la conception d'un édifice,
l'architecte prend au moins autant en compte les données
purement architecturales que les données ayant trait au
décor.

Un
élément assez caractéristique du monde
islamique illustre l'importance des éléments
architecturaux à vocation décorative :
le muqarnas,
également appelé "muqarbas" dans les pays
d'occident musulman ou plus simplement "stalactite". Il s'agit en fait
de petites niches associées
géométriquement et formant une composition en
trois dimensions. On les trouve fréquemment dans les
coupoles et les zones de transition, mais aussi sur certains
chapiteaux, dans des voûtes, etc. Cet
élément a une origine obscure : on pense
souvent qu'il serait né en Iran oriental vers le Xe
siècle, mais d'autres hypothèses circulent
(Égypte, occident, Baghdad...). Quoiqu'il en soit, il est
répandu dans l'ensemble du monde islamique, et les
splendides voûtes à muqarnas de l'Alhambra de
Grenade n'ont rien à envier à celles des
Timurides. Plusieurs matériaux sont utilisés pour
les créer, selon les régions et les
périodes : stuc et faïence en Iran, pierre
en Egypte et en Syrie.
L'ablaq
est également une techique islamique, principalement
répandue en Syrie et en Egypte, mais qui se retrouve
également parfois en Anatolie. Elle consiste en
l'incrustation pierres de couleurs différentes (marbre le
plus souvent) dans le mur. Le chef d'oeuvre de cette technique est le
mihrab de la madrasa Firdaws, à Alep, qui date de la
période ayyubide, mais les mamelouks utilisèrent
également cette technique de manière expansive.
Mosaïque
La
mosaïque est utilisée à plusieurs
époques : Califat des Omeyyades, califat des
Omeyyades d'Espagne, Califat des Abbassides, sultanat mamelouk. Dans
les trois premiers cas, on note une forte influence antique et
byzantine (mosaïque à fond d'or). On sait
d'ailleurs que des artistes byzantin ont travaillé dans le
monde islamique à ses débuts. Pour les
mosaïques mameloukes, le cas est un peu différent,
car il s'agissait cette fois d'un retour aux sources. Elles sont donc
fortement influencé par les mosaïques à
fond d'or du dôme du rocher et de la grande
mosquée des Omeyyades de Damas.
Terre
cuite
La
terre cuite est extrêmement utilisée pour
décorer tous types de bâtiments, dans le monde
iranien notamment, mais également dans tout le reste du mode
islamique. On peut utiliser deux types
d'éléments : des
éléments structurels, c'est à dire des
briques, glaçurées ou
décorées de quelque manière que ce
soit, et des éléments purement
décoratifs, à savoir des carreaux de
revêtement en céramique.
Les
principales techniques utilisées sont les
suivantes :
-
- avec des briques
- Les jeux sur des motifs dans
les briques non glaçurées, comme par exemple au Bab Mardum, à
Tolède ;
- Le hazerbaf,
qui signifie "mille tissages" en persan : un travail sur le
contraste entre brique glaçurées et non
glaçurées. Cette technique est principalement
utilisée dans l'architecture il-khanide et timuride.
Parfois, les briques dessinent des mots en calligraphie kufique
(répétition du nom d'Allah, par exemple).
-
- avec de la
céramique décorative
- Les carreaux de
revêtement. Selon l'époque, ils peuvent
être en forme d'étoile, de triangles, d'octogones
qui s'imbriquent ou plus sagement carrés, formant des
panneaux. Les techniques de décor sont
variées : carreaux moulés sous
glaçure monochrome, lajvardina, cuerda seca, etc.
- La mosaïque de
céramique est assez spécifique à l'art
timuride. Il s'agit en fait de formes découpées
dans des carreaux de céramiques de couleurs diverses. Cette
technique, extrêmement délicate, sera
remplacée sous les Safavides par celle de la cuerda seca,
moins complexe et moins coûteuse mais qui permet des effets
assez similaires.
Typologie
des bâtiments
Les
fonctions d'un bâtiment peuvent être multiples
(mosquée et madrasa, par exemple). Il arrive souvent que des
archéologues ne soient pas en mesure d'identifier exactement
le bâtiment auquel ils ont à faire car des plans
identiques peuvent être utilisés pour
différents types d'édifices.
Architecture
religieuse
La
mosquée et les lieux de culte
La
mosquée est le lieu de prière (salat en arabe)
pour les musulmans. Selon le Coran, la prière doit se faire
n'importe où, car tout endroit est saint puisqu'il a
été créé par Allah. Le
Prophète lui-même tenait l'architecture pour
coûteuse et inutile : un comble, quand on pense aux
miliers de réalisations architecturales du monde
Islamique ! Très rapidement, en effet, se sont
développés des lieux où les musulmans
se rassemblaient pour prier. Ces édifices servaient non
seulement à rassembler une communauté minoritaire
(le monde Islamique n'est devenu à majorité
musulmane que dans le cours du XIIIe siècle) en mal de
repères mais aussi à marquer les lieux
dominés par l'Islam. En arabe, mosquée
se dit « masjid »,
du mot sajada, se prosterner.

- Types de
mosquées et de lieux de cultes s'en rapprochant
Il
existe différents types de mosquées. La plus
simple est la mosquée de quartier, qui
permet aux croyants de venir prier quand bon leur semble.
Plus importante est la mosquée du vendredi,
dite aussi mosquée congrégationnelle
ou Grande mosquée. Comme son nom
l'indique, elle sert principalement pour la grande prière du
vendredi, le jour sacré des musulmans. Il n'en existe qu'une
par ville normalement, mais la ville du Caire en comporte une dizaine.
Enfin, la Musalla est un lieu de prière
en plein air, généralement situé en
dehors des villes, qui sert lors des grandes fêtes
religieuses.
- Eléments
constitutifs d'une mosquée
- L'enceinte :
La mosquée est toujours séparée du
monde extérieur par une enceinte. Parfois, elle jouit
même d'une ziyada, c'est à
dire d'un espace vide clos par deux enceintes qui entoure la
mosquée et sert pour la purification du croyant.
- La salle de
prière ou Haram : c'est le lieu
où les musulmans prient. Elle est toujours recouverte de
tapis afin de purifier le lieu.
- La fontaine :
Indispensable dans une mosquée, elle permet au croyant de
pratiquer ses ablutions rituelles avant la prière.
- Le minaret :
grande tour, d'où le muezzin lance l'appel à la
prière. Le minaret sert surtout à marquer
l'emplacement d'un sanctuaire, car on le voit de loin. Sa forme varie
selon les régions et les époques.
- Le mihrab :
élément le plus important du bâtiment,
car il indique la Qibla, la direction de la Mecque, vers laquelle
prient les musulmans. Le mihrab prend place sur le mur qibli.
Le mihrab a en général la forme d'une niche plus
ou moins profonde et plus ou moins grande. Il eut en exister plusieurs
dans une même mosquée.
- Le minbar :
chaire à précher. En bois ou en tout autre
matériau (pierre, marbre par exemple), il se situe toujours
juste à côté du mihrab.
- La dikka :
tribune qui permet de répercuter dans la salle de
prière le sermon du muezzin. On n'en trouve que dans les
grandes mosquées.
- La Maqsura :
Il s'agit d'un endroit clôt situé près
du mirhab, réservé au souverain pour le
protéger des attaques. La maqsura n'est pas
présente dans toutes les mosquées, car elle
s'oppose à l'idéal
d'égalité de la religion musulmane.
- Les
différents plans de mosquées
C'est
le premier plan conçu. Il se base sur un modèle
plus ou moins mythique : la maison du prophète
à Médine, qui serait actuellement
située sous la grande mosquée de
Médine. Le plan arabe, ou plan hypostyle, se compose d'une
cour à portique et d'une salle de prière
à colonnes, les nefs étant dirigées
parallèllement ou perpendiculairement (pour le Maghrab et
certaines exceptions) à la qibla. On le trouve dans tout le
monde Islamique, depuis la Syrie (Grande
mosquée des Umayyades de Damas, par exemple)
jusqu'au Maghreb, à l'Espagne et à l'Irak.
Comme
son nom l'indique, ce plan se retrouve quasiment exclusivement dans le
Grand Iran, c'est à dire dans une région
comprenant l'Iran, une partie de l'Afghanistan et du Pakistan et une
partie de l'Irak. Cependant, c'est aussi le plan utilisé en
Inde avant la dynastie moghole. Il apparait au Xe siècle
avec la dynastie séljoukide et se caractérise par
l'emploi d'iwans, d'un pishtak et une salle de prière sous
coupole. Un iwan est une salle voutée ouverte sur un
côté par un grand arc inclus dans une encadrement
rectangulaire. Généralement, les cours des
mosquées en comportent quatre disposés en croix.
Un pishtak est un portail formant une avancée, souvent
surmonté de deux minarets et ouvert par un grand arc. La Mosquée du Shah
à Isfahan est
l'un des plus beau exemples de plan iraniens connus.

Ce
plan se trouve exclusivement en Inde à partir du XVIe
siècle, et est influencé par le plan Iranien. Il
se caractérise par une immense cour à quatre
iwans, dont un ouvre sur une salle de prière
étroite et rectangulaire, couronnée par trois ou
cinq coupoles bulbeuses. Les grandes mosquées de Delhi et de
Bidar
utilisent ce type de plan.
Ce
plan se trouve en Turquie (actuelle) principalement, et fut mis au
point après la prise de Constantinople en 1453 par
l'architecte Sinan ; cependant, on en trouve des
prémices depuis le XIIIe siècle dans le premier
art ottoman. Il se compose d'une salle de prière sous une
immense coupole cantonnée de demi coupoles et de
coupolettes. Souvent, les mosquées de type Ottoman font
partie de grands complexes. On peut déceler une influence
Byzantine (de Sainte Sophie
notamment).
La
madrasa
Une
madrasa est généralement
considérée comme une école coranique,
cependant, c'est principalement un lieu où l'on
étudie le droit. Certes, celui-ci est basé sur la
Chari'a,
la loi islamique telle qu'expliquée dans le Coran, mais dans
le monde Islamique, il faut se rendre compte que le Coran
régit la plupart des aspects de la vie quotidienne. Les
madrasa enseigne un ou plusieurs des quatre rites orthodoxes (Hanafite,
Shafi'ite,
Malikite
et Hanabalite), qui
correspondent à quatre écoles de droit
différentes. De plus, on enseigne également dans
les madrasa la philologie, la linguistique arabe, la science (sauf la
médecine, qui est enseignée dans des
écoles spécialisées)…
Souvent, la madrasa sert de mosquée de quartier, et vice
versa. Elles sont toujours administrées en waqf (fondation pieuse).
- Origine
Le
concept de la madrasa naît en Iran au XIe
siècle, grâce au célèbre
vizir Nizam al-Mulk, bien
que l'on ne connaisse actuellement aucune de ses
« nizamiyya ». Par contre, on
retrouve cette origine iranienne dans l'unitié
architecturale qui caractérise les madrasa : le
plan cruciforme, à quatre iwans, semble en être un
marqueur.
- Développements
On
trouve des madrasa en Anatolie sous les Séljoukides
puis sous les Ottomans, en Syrie et en Egypte sous les Ayyubides et les Mamelouks, en Iran
et au Maghréb
à partir des Mérinides.
Les
madrasa anatoliennes
de la période séljoukide se
caractérisent par leur matériau, la pierre, et
par leur cour étroite voire inexistante en raison du climat
froid de la région. Le portail est
généralement prétexte à une
débauche de décor sculpté. La
tradition de la madrasa se pousuit en Anatolie aux XIVe
et XVe siècles, puis sous les
Ottomans, ces édifices sont intégrés
à d'immenses complexes.
Les Ayyubides fondèrent de nombreuses
madrasa pour extirper le Chi'isme après la disparition des
Fatimides en Égypte. Salah al-Din notamment en fit
construire de nombreuses au Caire et en Syrie, comme la madrasa Firdaws à Alep
(1243). On trouve peut-être encore des influences
Anatoliennes dans ces bâtiments.
C'est sans doute à l'époque Mamelouk
que naquit le concept d'un iwan par rite, comme cela est
expliqué dans l'acte de waqf du complexe de Sultan Hasan. A
cette époque, les madrasa étaient bien
évidemment liées aux grands complexes sultaniens
et émiraux. C'est dans celui de Qala'un que se trouve la
première madrasa mamluke bien conservée, mais
celle du complexe de sultan Hasan est sans doute la plus belle.
À Isfahan se
trouve la plus ancienne madrasa conservée, la Shah-i Mashhad
datée de 1175. On en connaît de nombreuses dans
tout le grand Iran et en Inde, jusqu'au XVIIe
siècle au moins. Dans ces régions
particulièrement troublées, elles servaient mieux
qu'ailleurs à diffuser les diverses propagandes. On en
connaît aussi bien des Sunnites que des Chi'ites.

L'apparition
de la madrasa au Maghreb est tardive (pas avant la
dynastie Mérinide), et a lieu dans un contexte de sufisme vivace. De rite
principalement malikite, ces établissements servent
principalement à étendre les Sufisme à
des populations nomades souvent encore non Islamisées. On en
trouve de nombreux exemples magnifiques à Fez, comme la madrasa
Attarin, ou encore la madrasa
Bu' Inaniyya.
En Espagne, l'enseignement avait lieu
principalement dans les mosquées. On ne connaît
donc qu'une seule madrasa dans cette région, qui
dénote d'une importante influence
mérinide : la Madrasa Yusuf Ier
à Grenade, décorée de magnifiques
stucs peints.
Les
lieux de retraite
Il
existe trois grands types de lieux de retraites : les Ribat,
les Khanqah et les Zawiya.
- Ribat
Un
ribat
est un édifice à la fois religeux et militaire,
construit généralement dans une zone
frontalière ou sur un axe de communication important
(littoral, route…). Il abrite des militaires
tournés vers la foi, c'est-à-dire combattant
essentiellement pour le Jihad, la guerre sainte. Il contient
généralement une mosquée, et peut
servir d'hôtellerie, notamment pour accueillir un gouverneur
ou un dirigeant, mais il s'agit surtout d'une place forte, d'un endroit
fortifié. Les variations architecturales sont
très grandes, en fonction des époques et des
régions. Le ribat de Sousse est l'un des plus connus et des
plus anciens.
- Khanqah ou Khanaqa
Une
khanqah
est le lieu de vie de mystiques musulmans, mais aussi un lieu de
retraite temporaire pour des personnage
« civils ». Elle peut se trouver
en ville ou en rase campagne, selon l'ordre qui y vit, et comporte
généralement une ou plusieurs mosquée
et des cellules. Elle peut également abriter une
école et sert souvent de lieu funéraire pour son
fondateur.
- Zawiya
Une
zawiya, comme une khanqah, est un bâtiment abritant des sufis
et un tombeau (celui du fondateur, en général).
Elle diffère de la khanqah par sa taille, plus imposante, et
le rôle d'enseignement qui lui est dévolu.
Architecture
funéraire
Dans
le monde islamique, les musulmans sont normalement enterrés
à même le sol, dans un linceul, sans cercueil ni
tombe. Cependant, rapidement se sont développés
plusieurs types d'architecture funéraires pour les hauts
personnages et surtout pour les saints. Cette architecture est
née dans l'est de l'aire islamisée,
c'est-à-dire en Iran, où de nombreuses religions
étaient partiquées, qui traitaient leurs
défunts de meanière différentes, et
où le Chiisme dominait. De par sa dimension martyriale, le
Chiisme a favorisé l'apparition de mausolées, qui
servent de lieu de prière et d'invocations de Saints, comme
c'est par exemple le cas à Mashhad avec le tombeau de l'imam
Reza. Les tombeaux de saints sont appelés imamzadeh
Deux formes émergent en particulier : le
mausolée sous coupole et la tour funéraire, mais
la typologie varie d'un lieu et d'une période à
l'autre.
Mausolées
sous coupole
Un
mausolée sous coupole est, comme son nom l'indique, un
bâtiment de base polygonale surmonté d'un
dôme. Ce type existe depuis au moins le Xe
siècle, comme en témoigne le mausolée
des Samanides à Boukhara (actuel Uzbekistan).
Les formes les plus diverses existent : carré,
octogonal, circulaire, sur arcades, etc. et les tailles varient
beaucoup. Ainsi, le mausolée des Samanides ne mesure que
quelques mètres de large, mais le Mausolée
d'Uljaytu à Sultaniyya
est un énorme octogone de plus de 38 mètres de
diamètre et haut de 77 mètres environ !
Tours
funéraires
Il
semble que le type de la tour funéraire dérivent
de rites zoroastriens : les cadavres étaient
exposés au sommet de hautes tours. Ainsi, le Gunbad-i Kabus, l'une des
premières tours funéraires (1007) se rattache
encore à cette tradition, même si son
commanditaire était musulman. Plus tard, les chambres
funéraires furent placées sous la tour, dans une
crypte, puis à sa base. Comme les mausolées sous
coupoles, les tours peuvent prendre différentes
formes : polygonales, étoilés,
circulaires, etc. Souvent, le plan intérieur est
simplifié par rapport à
l'extérieur : ainsi, le visiteur voit une tour
étoilée, mais entre dans un pièce
circulaire.
Si le type de la tour funéraire est resté assez
persan, celui de la pièce souscoupole s'est bien
répandu dans le monde arabe, et se retrouve en
Égypte comme en Anatolie. Il est fréquent dans
ces régions comme en Perse à partir des
Il-khanides que le tombeau fasse partie d'un complexe
funéraire.
Complexes
Les
complexes sont des regroupements de plusieurs bâtiments. On
trouve généralement dans un complexe une
mosquée et/ou une ou plusieurs madrasas, le tombeau du
fondateur et de sa famille et des institutions à
caractère charitable (soupes populaires, hospices) et/ou
médical (maristan, asile, école de
médecine). Un complexe est
généralement administré en waqf, c'est à dire que
les revenus de boutiques et de logements loués lui sont
versés pour son fonctionnement. Ces boutiques et ces
logements peuvent ou non se trouver dans le complexe lui
même. Il arrive également que des ateliers
d'artistes s'y trouvent, notamment pour les fondations sultaniennes.
Les Mamelouks ont construit nombre de complexes, cependant, les plus
impressionnants sont dus aux Ottomans.

Architecture
civile et palatiale
Les
palais
Contrairement
à leurs homologues occidentaux, les palais en terre d'Islam
se présentent sous la formes de petites entités
dispersées, souvent dans des jardins qui structurent
l'espace. Plusieurs éléments se trouvent presque
systématiquement dans les palais islamiques : la
salle d'audience (Diwan, qui est aussi le nom du conseil des
ministres), le harem, qui ne constitue pas un lieu
réservé aux femmes, mais tout simplement les
appartement privés de l'habitant, et enfin des pavillons de
plaisance.
Les
murs de l'Alhambra, à Grenade, enserrent plusieurs palais.
De même, on en trouve un particulièrement
célèbre à Istanbul, le Topkapi Saray et au Caire, il en subsiste
également quelques uns d'époque mamelouke.
Cependant, la plupart des palais anciens ont été
détruits, par des conquérants désireux
d'effacer les traces des dynasties précédentes,
ou par le temps, quand ils étaient bâtis en
matériaux périssables tels la brique crue et le
bois.
Habitations
Maristan
et structures médicales
Un
maristan
(ou bimaristan) est un hôpital. Presque toujours
administré en waqf, il appartient souvent à un
complexe, étant donné sa vocation charitable. En
effet, un maristan se doit d'accueillir tout musulman (et toute
musulmane) et de lui offrir des soins gratuits. Ce qui ne signifie pas,
bien au contraire, que le personnel est
sous-qualifié : certains des plus grands
médecins y travaillaient. Ainsi, al-Razi, dont le
traité sur la variole et la rougeole fut utilisé
en occident comme en Orient jusqu'au XIXe siècle,
travailla de nombreuses années à diriger le
maristan de Bagdad au Xe siècle.
Les
principales caractéristiques architecturales de telles
structures sont un nombre important de pièces et une
attention particulière donnée à l'eau,
au travers de fontaines, bassin, canaux...
Des
maristans étaient présents dans toutes les
grandes villes, depuis Grenade jusqu'à Mashhad, et souvent
couplés avec une école de médecine.
Les asiles d'aliénés étaient
également nombreux, tout comme les imarets (soupes
populaires).
Le
bâtiment le mieux conservé à l'heure
actuelle est sans doute le maristan de Nur al-Din à Alep, et
le plus remarquable, celui du complexe funéraire de Qala'un,
malheureusement en mauvais état, mais dont les sculptures de
stuc subsistantes prouvent la magnifiscence. Long de près de
70 mètres, il couvrait une surface immense, et s'organisait
autour d'une cour à quatre iwans inégaux. Dans
cette cour, une fontaine coulait dont partaient quatre canaux qui
alimentaient certaines pièces.
Structures
d'hygiène
Deux
sortes de bâtiments contribuent à
améliorer l'hygiène des villes : le
sabil et le hammam.
- Un sabil
est une fontaine publique, dont chacun peut puiser gratuitement l'eau.
Généralement construite grâce aux dons
des puissants, on en trouve beaucoup dans les villes. A partir de la
fin de la période Mamelouke (règne de Qaytbay),
le sabil est associé à un quttab, une
école élémentaire, qui se situe
généralement au dessus.
- Les hammams sont des bains,
organisés la plupart du temps sur le modèle des
bains romains (salles froide, tiède et chaude). Ils prennent
une place prépodérant dans le monde islamique,
où la propreté du corps est
considérée comme essentielle.
Structures
de commerce
- Caravansérails
Un
caravansérail
est un bâtiment qui accueille les marchands et les
pèlerins le long des routes et dans les villes. Selon les
endroits, le nom change : dans le monde iranien, il
s'appellera plutôt khan
alors qu'au Magrheb, c'est le mot funduq
qui est le plus couramment employé. Un
caravansérail est toujours fortifié, et comporte
à la fois des écuries (ou des enclos) pour les
montures et les bêtes de somme, des magasins pour les
marchandises et des chambres pour les gens de passage. Il est
fréquent que les magasins se trouvent au
rez-de-chaussée et les chambres au premier étage.
Les
wakala
sont des édifices urbains où les marchands
déposent et vendent leurs marchandises à des
grossistes. L'un des plus importants est la wakala d'al-Ghuri, au Caire.
- Marchés
Dans
les viles, les marchés sont des lieux importants. Ils
prennent le nom de souk en arabe et de bazar
en persan. Ils sont en général
organisés par corporations. Les échoppes et les
réserves se trouvent au rez-de-chaussée et le
premier étage comprend les logement des marchands, et
parfois leurs ateliers s'ils vendent leur propre production. Toutefois,
les métiers dégageant des odeurs
indésirables (tanneries) et présentant des
risques d'incendies sont relégués aux
extrémités du marché ou à
l'extérieur de la ville. On trouve souvent dans les souk des
logements à louer.

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